Le placebo, efficace si le médecin y croit

22 novembre 2016

Substance pharmacologiquement inerte donnée dans un but thérapeutique, le placebo n’est autorisé sous sa forme pure que dans le cadre d’essais cliniques. Toutefois, plusieurs traitements vendus en pharmacie font office de placebo, puisque la preuve de leur efficacité n’a jamais été faite. Le Dr Patrick Lemoine, psychiatre à Lyon, s’est penché sur le sujet. Pour lui, l’effet placebo possède de réels pouvoirs. Mais uniquement si le prescripteur y croit. Mettant ainsi l’accent sur l’attitude positive et convaincue du médecin.

« La prescription de placebo pur, c’est-à-dire la poudre de perlimpinpin est interdite en France », explique le Dr Lemoine. Et pour une bonne raison. « Les médecins ne doivent jamais mentir à leurs patients. » Reste que d’autres types de placebo sont autorisés. Il s’agit de « ceux qui n’ont pas fait la preuve de leur efficacité comme l’arginine (un acide aminé ndrl), le magnésium, l’homéopathie », précise-t-il.

Ou encore le placebo fabriqué par le patient lui-même. « Il s’agit d’une façon d’aider le patient qui souhaite se sevrer d’un tranquillisant ou d’un somnifère par exemple », poursuit-il. « Il doit acheter lui-même les gélules vides et fabriquer son médicament. Il mélange alors du sucre en poudre avec la molécule à laquelle il est devenu dépendant. » Ainsi, « il se leurre lui-même en ne sachant pas quel jour il prend le placebo et quel jour il prend une gélule contenant réellement une part de produit actif ».

Le placebo, comment ça marche ?

« L’effet placebo ça existe vraiment », assure Patrick Lemoine. Il a d’ailleurs été démontré scientifiquement. « En réalité, notre cerveau renferme une usine pharmaceutique absolument incroyable, capable de fabriquer à peu près tous les médicaments ». Ce qu’on appelle les endomédicaments. Mais pour les produire, il faut que le patient – ainsi que son médecin – soit convaincu de l’efficacité du médicament absorbé.

Ce phénomène a été très bien démontré pour les antalgiques. « L’imagerie a notamment confirmé que lorsque le placebo fonctionne, c’est le système endorphinique qui se déclenche ». En d’autres termes, le cerveau produit lui-même ses antalgiques, les endorphines, croyant en absorber. « C’est la force de la pensée du médecin qui permet ce phénomène, en convaincant le patient. » Donc, si le médecin n’y croit pas, le résultat n’est pas au rendez-vous.

« Il est essentiel que les praticiens prennent la mesure de l’importance de dire la vérité à leur patient », insiste le psychiatre. Mais aussi de « l’enthousiasme, la conviction, la compassion et l’optimisme qui sont des vertus essentielles » pour améliorer l’efficacité de tous les traitements.

  • Source : interview du Dr Patrick Lemoine, psychiatre à Lyon, 15 novembre 2016

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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