Plan cancer : mais où sont passées les IRM ?

04 février 2014

Le 3e Plan Cancer présenté par François Hollande ce jour devrait mettre l’emphase sur la réduction des inégalités face au cancer. Or en réalité, c’est d’une révolution que la France a besoin pour relever le défi auquel elle est confrontée. Son (très) faible niveau d’équipement en Imageries par résonance magnétique (IRM) s’avère extrêmement préjudiciable à la santé des Français. Il entraîne une véritable perte de chance que les précédents plans cancer devaient théoriquement résorber. A ce jour, c’est une vaine promesse !

Dans son rapport sur le 3e Plan Cancer, Jean-Paul Vernant, professeur d’hématologie à l’Université Pierre et Marie Curie (Paris) avait mis l’accent sur les inégalités liées au cancer. Il avait particulièrement insisté sur les problèmes d’accès à l’imagerie médicale. Problèmes persistants, bien qu’ils aient été placés au cœur des objectifs assignés aux deux premiers plans cancer. Les effets d’annonce sur ce sujet, sont en effet restés au point mort !

Résultat, en 2011, le délai moyen d’accès à un examen d’IRM pour les cancers du sein, de l’utérus et de la prostate s’établissait à 27,4 jours ! Aucun des objectifs fixés par le 2e plan Cancer n’a été atteint :

  •  10 machines IRM/million d’habitants dans chaque région en mars 2011 ;
  •  augmenter le parc d’IRM à 12 machines/million d’habitants d’ici à 2013, dans les 10 régions ayant la mortalité la plus élevée par cancers ;
  •  parvenir à des délais d’attente 15 jours en moyenne pour les examens en cancérologie, dans les régions les plus touchées par le cancer.

Selon le Collectif Imagerie Santé Avenir (ISA) qui a réalisé une étude sur le sujet au mois de mai 2013, « force est de constater que seulement trois régions sur dix, à risque élevé sur le plan oncologique, ont atteint l’objectif du taux d’équipement: le Nord-Pas-de-Calais, l’Ile de France et Champagne Ardenne. A l’inverse, certaines régions demeurent très en deçà de cet objectif. La Bourgogne par exemple, a toujours un taux d’équipement inférieur à 7 IRM/million d’habitants. Quant aux douze autres régions métropolitaines, une seule, l’Aquitaine, présentait début 2013 un taux d’équipement supérieur à 11 IRM/million d’habitants ».

Trois fois plus d’IRM en Allemagne

Le délai d’attente pour sa part, reste deux fois plus élevé que l’objectif de 15 jours défini par le Plan. Selon l’ISA, « en 2013, il est à nouveau supérieur à 30 jours. Certaines régions se caractérisent par des délais atteignant presque 50 jours. » C’est le cas dans la région Basse-Normandie, où les patients doivent attendre en moyenne, près de 50 jours !

Ces résultats sont plus qu’inquiétants, voire navrants. « Cette situation n’est pas acceptable d’un point de vue de santé publique », indique l’ISA. Les malades sont en effet contraints d’attendre « de longues semaines dans une incertitude angoissante par rapport à leur état de santé ».

Espérons que les annonces présidentielles de ce jour seront enfin suivies d’effet ! Sans un accès de tous aux IRM dans un délai respectant au moins les objectifs du 2e plan Cancer, il est illusoire de faire reculer le fardeau de cette maladie. Comme le soulignait le Pr Vernant, « c’est essentiel pour le dépistage, le diagnostic, le bilan d’extension, le traitement et la surveillance de nombreux cancers ». Pour rappel, le taux national d’équipement en métropole se situe aujourd’hui à 10,1 IRM/million d’habitants, alors qu’il est de 23 IRM/ million d’habitants en Allemagne !

Aller plus loin : Prenez connaissance de l’enquête réalisée par l’ISA sur les délais d’attente en 2013

  • Source : Pr Jean-Paul Vernant – Recommandations pour le troisième Plan Cancer, juillet 2013 - ISA France, décembre-mai 2013

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par David Picot

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