Plongée en apnée : quels risques et quelles précautions prendre ?
11 juillet 2023
La plongée en apnée est une pratique en plein essor. Si elle apporte un profond bien-être, il est recommandé de ne pas aller au-delà de ses limites et de ne jamais plonger seul. On fait le point.
« M’immerger, arrêter de respirer me permet de me reconnecter à la nature, d’être dans l’instant présent et de retrouver une forme d’harmonie. (…) Quand j’arrête de respirer, je désactive mon mental. Mon organisme se calme, je relâche les tensions et je suis plus serein. Je me sens complètement relaxé et c’est un pur moment de bonheur ». C’est ce que décrivait Guillaume Néry, ancien champion du monde, à l’hebdomadaire Le Point en 2018. Si la plongée en apnée est en effet réputée pour apporter bien-être et sérénité, il est toutefois important de bien se connaître et de prendre quelques précautions avant de pratiquer.
La plongée en apnée, ou la plongée libre, est une forme de plongée sous-marine basée sur l’interruption volontaire de ventilation. Pratiquée en piscine ou en milieu naturel, l’apnée se pratique en mode statique ou dynamique. Popularisée par le film Le Grand Bleu de Luc Besson, la discipline a su s’imposer. Elle est aujourd’hui en plein essor. « Actuellement, nous comptons environ 25.000 licenciés contre moins de 2 000 voilà 15 ans », confirme Olivia Fricker, monitrice d’apnée, pratiquante depuis une trentaine d’années et vice-présidente de la commission apnée de la Fédération française d’études et de sports sous-marins (FFESSM).
La syncope hypoxique : principal risque de la plongée en apnée
« Contrairement à la plongée en bouteille, l’apnée ne présente pas le risque d’accident de décompression, sauf sur les très grandes profondeurs mais ce type d’apnée est très peu pratiqué », note la spécialiste. « Dans notre discipline, le risque principal est la syncope hypoxique », ajoute-t-elle.
Une syncope hypoxique est une perte de connaissance due au manque d’oxygène dans le sang. « L’apnée consiste en amont à prendre le plus d’air possible dans ses poumons. Plus on a d’air, plus on réussit à retenir sa respiration. On ne se ventile pas mais le corps continue toutefois à consommer de l’oxygène. Le taux d’O2 dans le sang baisse et finit, si on ne se ventile pas à nouveau, par causer une syncope. Le cerveau se met en pause, c’est une perte de conscience », explique Olivia Fricker.
La syncope hypoxique est généralement sans gravité, l’apnéiste reprend ses esprits très rapidement. Mais si la personne est seule, qu’elle ne parvient pas à reprendre conscience, sans personne pour la sortir de l’eau, elle finit par se noyer. C’est pourquoi, il est primordial de pratiquer en binôme pour pouvoir être secouru. « On ne fait jamais d’apnée seul, on ne force pas, on ne va jamais au-delà de ses limites car c’est là que survient la syncope », précise la spécialiste.
Variation de pression : attention aux barotraumatismes
Autres risques, moins graves mais douloureux, les barotraumatismes, soit des lésions des tissus liés aux variations de pression. Ils concernent surtout les oreilles, mais peuvent aussi toucher les sinus.
En apnée, pour éviter les barotraumatismes, le plongeur peut pratiquer la manœuvre de Valsalva, il s’agit d’un effort d’expiration, bouche fermée et en se bouchant le nez. La manœuvre permet de rééquilibrer les pressions entre l’extérieur – le poids de l’eau vient appuyer sur le tympan – et l’oreille interne.
Aussi, en cas de rhume, de sinusite, d’otite ou de rhinopharyngite, il est important de savoir renoncer à une plongée en apnée. Si les conduits qui permettent le rééquilibrage de pression sont bouchés, le risque de barotraumatisme est élevé.
Quelles contre-indications ?
Selon le site de La Médecine du sport, « une contre-indication doit être prononcée en cas d’asthme d’effort, d’asthme au froid, d’antécédent de crise d’asthme grave, d’asthme non stabilisé avec un traitement de fond, d’insuffisance respiratoire, de pneumopathie fibrosante, de vascularite pulmonaire, de chirurgie pulmonaire ou de pneumothorax spontané ».
Plusieurs autres pathologies cardiaques (insuffisance cardiaque, ischémie myocardique, angor…), hématologiques (thromboses), ORL représentent des contre-indications à la plongée en apnée. L’ensemble des contre-indications, définitives ou temporaires, est disponibles sur le site de la fédération.
A noter : un certificat médical est obligatoire pour pratiquer la plongée en apnée en club. La compétition, en profondeur nécessitera un certificat par un médecin habilité.
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Source : FFESSM, lamedecinedusport.fr, interview d’Olivia Fricker, vice-présidente de la commission apnée nationale à la FFSSEM (3 juillet 2023)
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par : Emmanuel Ducreuzet