Plongée dans l’univers de la schizophrénie

30 novembre 2016

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Composé de deux casques, l’un visuel, l’autre audio, le dispositif Oculus permet une immersion à 360° dans l’environnement d’un patient atteint de schizophrénie. Les enjeux de ce dispositif issu de la réalité virtuelle ? Aller à l’encontre des stigmates sociaux et améliorer la prise en charge de cette maladie psychiatrique affectant environ 600 000 Français. Les précisions du Dr David Travers, psychiatre au CHU de Rennes.

Du canapé à la bibliothèque en passant par un trajet en bus, le programme Oculus donne l’occasion de plonger dans le quotidien d’un patient schizophrène. Le tout immergé à 360° dans un univers 3D, en ressentant les sensations d’hallucinations, de persécution et de malaise social. Quelques-uns des symptômes rapportés chez les patients atteints de schizophrénie.

En position assise, muni(e) de deux casques visuel et audio, ce dispositif élaboré autour de l’empathie virtuelle vous emmène – pendant un peu plus de 4 minutes – au coeur des vertiges éprouvés par les patients : le regard jugeant des autres, les strates vaporeuses ou violentes des voix environnantes sont au rendez-vous.

VIDEO – Un aperçu du programme de réalité virtuelle :

« Traduire ces symptômes par la simulation virtuelle vise à sensibiliser les professionnels médicaux et paramédicaux aux comportements à adopter face à cette fragilité psychique », précise le Dr David Travers, psychiatre au CHU de Rennes, et créateur de ce dispositif en trio avec le laboratoire Janssen et la société Serious Factory. « Chez les patients atteints de ce  handicap invisible, les symptômes alimentent le stress social et vice versa. Comprendre la maladie aide à sortir de ce cercle vicieux. »

Le programme Oculus est présent lors de salons et congrès. Il a par ailleurs fait l’objet de simulation dans plusieurs rédactions de France pour sensibiliser la presse à l’usage du terme ‘schizophrène’. Et il est amené à circuler « dans les unités hospitalières demandeuses et les associations comme l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapés psychiques (UNAFAM). Mais il ne sera pas commercialisé », explique Emilie Bessières, chargée de l’unité Neurosciences à Janssen.

Améliorer la prise en charge

Cette sensibilisation peut également aider au diagnostic précoce. Grâce au simulateur, les soignants seront plus à même de reconnaître la maladie et donc de poser des mots dessus. Des étapes essentielles pour intégrer les patients dans le parcours de soins.

A ce jour en effet, trop de malades atteints de schizophrénie ne sont pas diagnostiqués et continuent de souffrir d’une qualité de vie détériorée. Ce phénomène s’explique par l’aspect encore tabou de cette atteinte psychiatrique. Mais aussi « une incapacité des patients à se considérer comme malades », souligne Emilie Bessières. « Beaucoup éprouvent en effet une incapacité à prendre conscience des sentiments de persécution et des blocages sociaux dont ils souffrent ».

A l’avenir ?

Par la suite, les équipes espèrent développer une seconde version de ce programme. L’enjeu, aller plus loin dans la finesse de l’outil en intégrant la perception d’autres symptômes comme les troubles de la communication, de la mémoire, du raisonnement, de la perception des émotions et des capacités d’élocution. « Ou encore l’impression de se faire bousculer en cas de prise de parole en public tant la confiance manque. Mais du point de vue technologique, ces sensations si subtiles ne sont pas évidentes à réaliser », rapporte le Dr Travers.

  • Source : Interview du Dr David Travers, le mardi 8 novembre 2016. Janssen, le 14 novembre 2016

  • Ecrit par : Laura Bourgault- Edité par : Dominique Salomon

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