Plus de 5 kg de pièces : un patient qui a de l’estomac…
19 février 2004
C’est l’histoire d’un homme de 62 ans qui aimait l’argent au point de le manger ! A tel point qu’en 2002, les médecins urgentistes du centre hospitalier de Cholet (Maine-et-Loire), ont retiré de son estomac… 350 pièces de monnaies.
Des monnaies au pluriel, en effet ! Des francs et des euros pour une contre-valeur de 500 euros, mais aussi des colliers, des bagues, des bracelets et des aiguilles… Cette histoire insolite vient d’être publiée dans le très sérieux New England Journal of Medicine par deux médecins réanimateurs français : le Dr Olivier Brenet de Cholet et le Dr Bruno François de Limoges.
” Ce patient présentait des troubles psychotiques ” nous a expliqué le Dr François. Sans surprise… ” Son comportement alimentaire anormal était connu des services hospitaliers. Des pièces lui avaient déjà été retirées de l’estomac mais là, nous étions loin d’imaginer l’ampleur du phénomène “. Le patient s’est donc présenté au Service des urgences de l’hôpital de Cholet le 19 janvier 2002. ” Il souffrait de douleurs abdominales et d’un syndrome occlusif ” (comme en cas d’occlusion intestinale, n.d.l.r.). ” A chaque fois qu’il s’alimentait, il vomissait.”
L’équivalent d’une boule de bowling…
Sur les radios, l’image est stupéfiante ! Les clichés montrent une énorme masse opaque dans l’estomac, lequel était ” descendu “… entre les hanches ! Et pour cause, il y avait là quelque 5,5 kg de corps étrangers, soit le poids de certaines boules de bowling ! ” Ce patient a été opéré cinq jours après son admission ” enchaîne Bruno François. ” Il était inconcevable de retirer les pièces une à une. Et comme l’estomac complètement distendu et endommagé n’aurait pu reprendre une forme normale, la décision a été prise de lui faire une gastrectomie. C’est-à-dire de lui retirer l’estomac. Malheureusement, quelques jours plus tard, il est décédé des suites de la chirurgie abdominale “.
Entre deux coups de téléphone de journalistes américains et allemands, le Dr Bruno François nous glisse, gouailleur, qu’ ” en médecine, nous aimons bien donner des noms à des phénomènes rares. Pour celui-ci, nous avions choisi le ‘syndrome de la tirelire’ “. Pas mal trouvé !
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Source : New England Journal of Medicine, vol. 350, n°8, Association des réanimateurs du Centre Ouest (ARCO) - Photos: The New England Journal of Medicine (c) 2004