PMA, et l’homme dans tout ça ?

20 janvier 2015

Quand un couple recourt à la procréation médicalement assistée (PMA), quelle que soit l’origine de l’infertilité, c’est essentiellement la femme qui fait l’objet des traitements. Certains hommes, pourtant désireux de vivre ce parcours à deux, se sentent alors isolés, voire inutiles. Les conseils d’un spécialiste pour éviter cet écueil.

« Les équipes médicales savent à quel point il est important que l’homme ne se sente pas exclu des différentes étapes de la PMA et elles y veillent. Mais même s’il y a deux chaises dans le cabinet, la tentation est grande pour le praticien de s’adresser à la femme, il n’est jamais simple de parler à deux personnes en même temps », constate le Dr Miguel Jean, chef du service biologie et médecine du développement et de la reproduction au CHU de Nantes. Ajoutez un grand nombre d’informations à faire passer dans un temps de consultation limité, le fait que les femmes, plus habituées, se sentent souvent plus à l’aise dans le cabinet d’un gynécologue… Autant d’éléments qui expliquent la difficulté pour certains hommes de trouver leur place dans ce parcours.

Pourtant, depuis quelques années, la parole se libère, notamment grâce aux nouveaux outils d’expression. « Même si les forums des sites consacrés à l’infertilité ont un public encore essentiellement féminin, les hommes parviennent à échanger dans le cadre des groupes de parole », constate le docteur Miguel Jean. « C’est aussi à nous médecins de prendre le temps de leur délivrer toutes les informations nécessaires, en tenant compte de chaque personnalité, de chaque histoire », insiste ce dernier. « Un spermogramme, par exemple, même s’il est moins invasif que les examens demandés aux femmes, n’est pas forcément plus facile à vivre. Il faut tenir compte du stress que cela peut engendrer. En fonction des résultats, des hommes craignent que leur compagne ne les quitte, des troubles de l’érection peuvent survenir… Les hommes doivent entendre qu’ils ont la possibilité, s’ils le souhaitent, de consulter un psychologue, un sexologue… »

Mais concrètement, comment jouer un rôle auprès de leur compagne ? « Il ne s’agit pas de se substituer aux soignants. Mais le compagnon peut être aidant, soutenant. Assister aux consultations médicales, appeler le laboratoire à sa place pour demander un résultat, caler un rendez-vous sont autant de façons de se distribuer les rôles et de montrer son soutien », conclut-il.

A lire : Le couple face à l’infertilité, Dr Miguel Jean et Line Petit, Albin Michel, 208 pages, 15 euros

  • Source : Interview de Miguel Jean, chef du service biologie et médecine du développement et de la reproduction au CHU de Nantes, le 15 janvier 2015 - site de l’Agence de la biomédecine consulté le 19 janvier 2015

  • Ecrit par : Aurélia Dubuc – Edité par : Dominique Salomon

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