Polio : au Nigéria, assassinats d’agents vaccinateurs

13 février 2013

La poliomyélite touche principalement les enfants de moins de 5 ans. ©WHO/P. Virot

La lutte contre la poliomyélite est-elle une fois encore en péril dans les pays d’Afrique de l’Ouest ? Dans l’Etat de Kano au Nigéria, au moins 9 personnes parmi lesquelles des professionnels de santé, auraient été assassinées le vendredi 8 février. Il y aurait également beaucoup de blessés. Si ces meurtres doivent être reliés à une guerre, c’est à une guerre contre… la santé publique. A ce jour, ces assassinats n’ont pas été revendiqués. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) réitère naturellement son soutien au gouvernement et au peuple nigérians dans leur effort pour améliorer la santé publique, et se montre gravement préoccupée de ces attaques, « inacceptables (quelles qu’en soient les) circonstances ».

« D’après nos informations, ces décès sont survenus au cours de l’attaque de deux centres de santé au Nigéria », a précisé un porte-parole de l’OMS à l’agence de presse Destination Santé. « Parmi les tués se trouvaient des professionnels de santé, dont certains avaient participé à la dernière campagne de vaccination contre la polio ». Comme cette campagne s’est achevée le 5 février dernier et que « personne n’a revendiqué l’attaque, les motifs en restent flous. »

La théorie du complot

Ces événements rappellent tristement l’épisode survenu à Kano déjà, en 2004. Dans cette région située au nord du Nigéria, les autorités musulmanes avaient suspendu pendant plus d’un an la campagne de vaccination antipoliomyélitique. En raison de cette décision prise à un niveau local, la poliomyélite qui n’était plus alors endémique que dans deux pays d’Afrique subsaharienne, s’était propagée dans 10 autres pays de la région.

Selon Le Figaro du vendredi 8 février, ces dernières semaines « un responsable religieux local a dénoncé les campagnes de vaccination. Et plusieurs programmes de radios locales ont répété les théories selon lesquelles les vaccinations sont un complot de l’Occident pour nuire aux musulmans. »

Au cours de l’année 2012, « à Kano, 27 cas de polio ont été répertoriés », indique l’OMS. « Nous soutenons le gouvernement et le peuple nigérians dans leur lutte pour améliorer la santé publique et protéger les enfants des maladies. Y compris de la paralysie provoquée par la poliomyélite. »

 

Des souches de polio en Egypte et… des cas au Niger

Toujours sur le front de la poliomyélite, notons que les 2 et 6 décembre dernier, deux échantillons du virus ont été prélevés dans les eaux usées de la région du Caire, en Egypte. En réponse à cette inquiétante découverte, les autorités égyptiennes ont mené une campagne de vaccination ciblée dans les zones concernées, entre le 2 et le 6 février. Ces vaccinations se poursuivront au niveau national début mars.

Au Niger, deux cas de polio ont été relevés. Le premier remonte au 15 novembre 2012 et avait provoqué la paralysie du malade. Le second a été notifié le 3 février dernier. L’analyse des prélèvements effectués sur les patients a permis de déterminer l’origine probable de ces souches : le Nigéria voisin. Les campagnes de vaccination ont été renforcées pour lutter contre le risque de propagation.

L’OMS, inquiète d’un risque « modéré à élevé de propagation à l’échelle internationale à partir du Niger », a prévu de lancer des vaccinations synchronisées dans 13 pays d’Afrique de l’Ouest, fin avril et fin mai.

Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : David Picot et Marc Gombeaud

  • Source : OMS, 8 février 2013 – interview d’un porte-parole de l’OMS, 11 février 2013 – Le Figaro, 8 février 2013

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