Pollution : des fumées toxiques… qui n’impressionnent pas assez
21 novembre 2012
Alerte à la raffinerie de Donges, en Loire-Atlantique. La foudre s’est abattue sur un bac contenant 48 000 tonnes de pétrole brut. Un feu aussitôt, s’est déclaré. A 8h40, une première sirène mobilise le personnel du site.. Sa mise en action est suivie d’une seconde, plus puissante, à 9h20. Cette fois, ce sont les populations environnantes qui sont appelées à se mettre à l’abri. Routes coupées, écoles confinées, services de l’Etat mobilisés… Reportage au cœur d’un exercice de sécurité civile en grandeur nature. Car oui, tout cela n’est heureusement que fiction. Ce qui est bien réel, ce sont les enseignements à en tirer !
Située sur l’Estuaire de la Loire, la raffinerie de Donges est la seconde plus grande en France – en capacité de traitement – derrière la raffinerie normande située à Gonfreville-L’Orcher, en Seine-Maritime. Ce mardi matin 20 novembre, le scénario de l’exercice est le suivant : la foudre donc, a provoqué un feu sur l’un des 150 immenses bacs du site : 21,4m de haut, 64m de diamètre. A cause de la chaleur son toit flottant s’est effondré, entraînant le déclenchement du Plan Particulier d’Intervention (PPI). Ce plan de secours est mis en œuvre sur décision du préfet, pour gérer une crise majeure au sein d’une entreprise, entraînant des répercussions à l’extérieur de cette dernière.
Les écoles jouent le jeu…
Ici, il y a évidemment des risques d’inhalation de fumées, voire de brûlures. Les riverains les plus proches sont situés à seulement 500 mètres du bac en feu. Un périmètre de sécurité est installé autour de la raffinerie, avec un rayon d’un kilomètre. Dans le bourg même de Donges, les sirènes appelant au confinement de la population ont été entendues. Les établissements scolaires comme le collège Arthur Raimbaud, jouent consciencieusement le jeu.
« Nous étions certes prévenus à l’avance » nous explique Yvon Ménez, son principal. « Dès que la sirène a retenti, j’ai transmis les premières consignes de sécurité, à savoir de rassembler les 350 élèves en un même lieu puis de les disperser dans 4 pièces différentes de l’établissement. Ils sont gérés par des enseignants qui bénéficient de mallettes de confinement ». Celles-ci contiennent notamment des couvertures de survie, des gâteaux, du ruban adhésif…. Le principal ajoute que cet « exercice est très important pour éduquer les enfants et sensibiliser les parents à la culture du risque et de la prévention. Les élèves apparaissent très réceptifs ».
Les habitants, un peu moins…
Leurs ainés en revanche, le soit un peu moins si l’on en juge par la relative activité qui règne dans le bourg de Donges. Des piétons passent ici et là, des voitures circulent et… même le facteur a imperturbablement poursuivi sa distribution du courrier. A l’Hôtel de Ville Annette Auffret, la maire, n’affiche pas la même satisfaction que le principal du collège. « Le confinement de la population est le plus difficile. Nous avons encore de nombreux progrès à faire au niveau de la culture du risque ».
A 10h45, à quelques kilomètres de là, au sein de la sous-préfecture de Saint-Nazaire la cellule de crise est en effervescence. Le périmètre de confinement est élargi à 2,5 km autour de la raffinerie. « Nous constatons des difficultés au niveau de la capacité de pompage hydraulique » rapporte Emmanuel Bordeau, le sous-préfet. Il doit s’adapter à un scénario à rebondissements « Nous avons dû faire appel à un remorqueur pour combler ce manque. Dès qu’il sera opérationnel, le feu devrait être éteint en une demi-heure. Nous avons également reçu les premiers résultats de l’analyse des fumées. Il n’y a heureusement pas de danger mortel, mais les populations doivent rester confinées ». Un peu avant midi, les sirènes retentissent à nouveau. L’incendie est éteint, l’alerte est levée. Clap de fin. L’heure est désormais aux « débriefings ».