Polyarthrite rhumatoïde : un traitement révolutionnaire

03 octobre 2003

« C’est Lève-toi et marche ». Ce témoignage d’une maman, dont la fille est atteinte de polyarthrite rhumatoïde et traitée par ENBREL a constitué un moment émouvant… et imprévu, durant la remise des Prix MEDEC 2003 au Sénat, mardi après-midi.

Si le fabricant de ce tout nouveau médicament a reçu le prix Médicament de l’année 2003 – Recherche internationale, ce n’est certes pas abusif. Car jusqu’à présent la maladie n’était accessible, même lorsque les médecins recouraient aux anticorps monoclonaux sur lesquels sont basées les biothérapies, qu’à condition de les associer au méthotrexate, un produit peu maniable.

Ces associations étaient donc réservées aux formes les plus agressives de la polyarthrite rhumatoïde. Elles constituent en effet des traitements lourds, comportant des contre-indications et des précautions d’emploi rigoureuses. D’où une administration exclusivement hospitalière et aussi, des coûts très élevés. L’un des points réellement nouveaux, c’est que l’efficacité d’ ENBREL a été démontrée en monothérapie. La tolérance est ainsi supérieure. Par ailleurs et une fois le traitement initié en milieu hospitalier, il peut être poursuivi en ambulatoire voire à domicile : ni hospitalisation ni perfusion. L’administration, réalisée par une infirmière libérale ou le patient lui-même, consiste en une simple injection sous-cutanée, 2 fois par semaine.

Enfin ce traitement, qui repose sur l’utilisation du premier récepteur soluble spécifique du TNF-alpha s’avère d’une efficacité apparemment sans précédent. Il apporte une amélioration fonctionnelle spectaculaire et, pour la première fois, un ralentissement de la destruction ostéoarticulaire. Une malade qui avait perdu toute autonomie l’a ainsi recouvrée en dix jours de traitement ! Lève-toi et marche… C’est vrai, donc.

Si ce n’est un miracle, c’est un magnifique résultat réservé aux formes extrêmes de la maladie. Car la polyarthrite rhumatoïde prive peu à peu ses victimes du simple usage de leurs membres. Dans les formes graves, l’espérance de vie peut être diminuée de 4 à 7 ans. Cliniquement la maladie se manifeste par des douleurs inflammatoires qui touchent plusieurs articulations (mains, pieds, genoux…) par poussées et de manière bilatérale et symétrique. Ces douleurs s’accompagnent d’un gonflement et d’une destruction progressive et irréversible des articulations. Aujourd’hui la maladie touche 140 000 personnes en France, dont trois quarts de femmes.

  • Source : Bulletin de l’OMS, Vol.81, N°8, 2003, 551-628

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