En France chaque année, 30 000 femmes décident de recourir à une contraception définitive. C’est bien peu au regard des 600 000 Américaines qui font le même choix. Bien des femmes en effet, et beaucoup de médecins, méconnaissent encore les différentes techniques à leur disposition. Explications.
Depuis l’adoption de la loi du 4 juillet 2001, la France autorise le recours à la contraception définitive, que l’on appelle aussi une stérilisation à visée contraceptive. C’est une option pour toutes les femmes dont le désir d’enfant est assouvi, et qui ne veulent plus se soucier de leur moyen de contraception. Au niveau pratique, les femmes et les hommes qui ont fait ce choix doivent évidemment être majeurs, observer un délai de réflexion de 4 mois et faire part de leur consentement par écrit. Il existe trois méthodes de contraception définitive et irréversible, dont une s’adresse aux hommes. C’est la vasectomie. Cette dernière consiste en une incision effectuée au niveau du scrotum, le sac contenant les testicules. Les canaux déférents transportant le sperme, les spermiductes, sont alors bloqués par ligature.
Les femmes pour leur part, peuvent opter pour une ligature des trompes. C’est un acte chirurgical, réalisé par cœlioscopie sous anesthésie générale. Du gaz est utilisé pour gonfler l’abdomen afin de permettre l’insertion d’instruments chirurgicaux. Les trompes de Fallope sont ensuite obstruées par des clips en métal ou des anneaux en plastique. Cette technique certes très efficace, n’est pas dénuée de risque en termes de morbidité et de mortalité.
Une méthode moins invasive ?
Enfin le 31 octobre 2007, puis de nouveau le 29 mai 2012, la technique Essure a été reconnue par la Haute Autorité de Santé comme étant une méthode de contraception définitive susceptible d’être proposée à toute femme ne souhaitant plus avoir d’enfant. Chaque année en France, plus de 20 000 d’entre elles choisissent d’y recourir.
Le Dr Olivier Jourdain de la Clinique Jean Villar à Bruges (proche de Bordeaux), nous explique le principe de la méthode. « Cela consiste à obstruer les trompes en passant par les voies naturelles, sans cicatrice et le plus souvent sans anesthésie. Un chirurgien gynécologue introduit un hystéroscope (appareil permettant de visualiser l’intérieur de l’utérus) par le vagin et le col de l’utérus, les trompes sont ainsi repérées et on place alors un dispositif de chaque côté. La procédure dure environ 10 minutes et se déroule en ambulatoire. L’efficacité de cette méthode ne sera acquise qu’au bout de 3 mois après un contrôle de la bonne position des implants. Pendant ce temps une contraception classique devra impérativement être utilisée. »
Selon une étude menée entre 2006 et 2010, sur 109 000 actes de contraception définitive féminine, toutes techniques confondues, le taux d’échec est extrêmement faible pour la méthode des implants intra-tubaires, 0,38%, contre 0,47% pour la ligature des trompes, différence statistiquement significative. Ce même travail a également permis de constater que seules 0,025% des femmes ont exprimé le désir d’effectuer un « retour en arrière ». Ce faible taux peut s’expliquer par l’âge relativement tardif auquel les femmes choisissent de recourir à la contraception définitive en France, entre 40 et 41 ans. Pour en savoir davantage sur les méthodes de contraception définitive, parlez-en avec votre gynécologue ou votre médecin généraliste. Rappelons enfin que les trois méthodes que nous venons d’évoquer sont entièrement prises en charge par l’Assurance-maladie.
Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : David Picot
Source : Analyse des stérilisations tubaires de 2006 à 2009. Efficacité des techniques Ligature Tubaire vs Essure. Comparaison des taux de regrets. Professeur Hervé Fernandez. Service de Gynécologie Obstétrique Hôpital Kremlin Bicêtre. GH : Hôpitaux universitaires Paris Sud Université Paris 11. Docteur Pierre Panel Service de Gynécologie Obstétrique de Versailles. Cécile Blein et Ludovic Lamarsalle. Heva – Health Evaluation - Dossier de presse, Conceptus, février 2013 - Interview du Dr Olivier Jourdain, 28 mai 2013
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