Pourquoi les infarctus sont-ils plus fréquents le matin ?
24 mars 2023
Le matin semble une période plus risquée pour notre cœur. De nombreux travaux ont en effet déjà montré que le risque d’infarctus du myocarde y était plus élevé qu’à un autre moment de la journée. Mais pourquoi ? Faisons le point avec le Pr Alain Furber, président de la Fédération française de cardiologie.
Les infarctus du myocarde, plus communément appelés « crises cardiaques », sont devenus de plus en plus fréquents et peuvent frapper n’importe qui. Cependant, il semble que dans la majorité des cas, ces accidents surviennent aux premières heures de la journée. Et ce n’est pas un hasard : vous le savez sans doute, toutes les fonctions de notre corps évoluent au cours de la journée, selon un cycle de 24 heures. C’est le fameux rythme circadien, autrement appelé « horloge biologique ».
Un pic entre 9 heures et 11 heures
Pour le Pr Alain Furber, « l’incidence de l’infarctus du myocarde est aussi influencée par le rythme circadien avec un pic de fréquence entre 9 heures et 11 heures du matin selon les études. Durant cette période correspondant à une phase d’activité, il existe une stimulation du système nerveux sympathique (le système adrénergique) ainsi qu’une augmentation de la sécrétion de certaines hormones comme le cortisol (l’hormone du stress) aboutissant à une augmentation de la fréquence cardiaque et des variations de tension. Ces variations physiologiques augmentent le risque de rupture des plaques d’athérome et donc la survenue d’un infarctus du myocarde, d’autant plus que ces mécanismes entraînent également une augmentation de l’agrégation des plaquettes. »
Plus grave entre 23h et 1h du matin
Pour le spécialiste, « la gravité de l’infarctus du myocarde subit également des variations circadiennes, avec une augmentation de la taille de l’infarctus et de la mortalité aux alentours de minuit. » Selon lui, « cela n’est pas dû au délai entre la survenue de la douleur thoracique et la désobstruction de l’artère coronaire ni à la qualité de la prise en charge. En fait, des études expérimentales ont mise en évidence un lien entre la taille de l’infarctus et certains gènes impliqués dans le fonctionnement de l’horloge biologique cardiaque. » En clair, celles et ceux dont les symptômes surviennent autour de 23h pourraient présenter des lésions plus importantes que si l’incident survenait à un autre moment de la journée.
Rappelons que l’infarctus du myocarde est une urgence vitale. Les symptômes courants sont des douleurs caractéristiques :
- Elles agissent « comme un étau » au niveau de la poitrine ;
- Elles persistent et peuvent s’étendre à la mâchoire ou au bras gauche ;
- Elles peuvent enfin s’accompagner de pâleur, de sueurs, d’essoufflement, de nausées.
- Pour les femmes, les symptômes varient avec notamment une fatigabilité à l’effort, des palpitations cardiaques, une toux, des brûlures thoraciques, des troubles digestifs, une douleur dans le dos, une douleur au thorax irradiant dans le bras ou l’épaule, une sensation d’épuisement.
Comme le rappelle l’Assurance-maladie sur son site Internet : « ces symptômes durent souvent plus de cinq minutes et ne disparaissent pas avec du repos. Ne laissez pas l’infarctus du myocarde évoluer : appelez le 15 ! ». On ne le répètera jamais assez : une prise en charge la plus précoce possible conditionne l’étendue de l’infarctus et limite grandement le risque de complications cardiovasculaires.
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Source : Interview du Pr Alain Furber, Président de la Fédération Française de Cardiologie
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Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Laura Bourgault