Pourquoi tombons-nous malades en hiver ? Tout se jouerait dans le nez…
12 décembre 2022
Pourquoi la grippe, les rhinopharyngites et autres rhumes surviennent-ils généralement en hiver ? Une équipe américaine vient de découvrir comment le système de défense immunitaire à l’intérieur du nez est inhibé par le froid. Ceci explique cela.
Le nez est la porte d’entrée des divers microbes qui déclenchent les infections respiratoires typiquement hivernales, comme la grippe ou le rhume. Mais comment se fait-il que nous tombions davantage malades quand il fait froid ? « Traditionnellement, on pensait que les rhumes et la grippe survenaient durant les mois froids car les personnes restaient davantage en intérieur, où les virus pouvaient plus facilement se transmettre via l’air », indique Benjamin S. Bleier, du Massachussets Eye and Ear, service de recherche sur l’ouïe, la vue et l’odorat à l’hôpital de Boston. Mais une étude de son équipe a permis de révéler qu’en réalité, cette hypothèse ne suffisait pas à expliquer le caractère saisonnier des infections virales.
Des vésicules extracellulaires de défense
Dans un premier temps, en 2018, l’équipe de chercheurs a découvert qu’il existait un mécanisme de défense propre au nez. « Lorsque les bactéries sont inhalées, des cellules situées à l’entrée du nez les détectent et larguent alors dans le mucus, des milliards de petits sacs remplis de fluides appelés vésicules extracellulaires pour attaquer les microbes », décrivent les auteurs.
Aussi nommées exosomes, ces éléments biologiques nous protègent donc des attaques bactériennes. D’autant qu’ils circulent ensuite vers l’arrière du nez puis vers les voies aériennes, protégeant ainsi les autres cellules contre ces pathogènes avant que ceux-ci ne pénètrent dans le corps.
Le froid inhibe les défenses nasales
Mais ces découvertes n’expliquent pas pour autant pourquoi l’hiver est plus propice aux rhumes et autres grippes – principalement provoqués par des virus – que les autres saisons. Eh bien, les chercheurs ont fini par trouver l’explication dans une seconde partie de leur étude. Cette fois, ils ont analysé comment les cellules et les tissus nasaux répondaient face à trois virus : un coronavirus et deux rhinovirus. Tout d’abord, les scientifiques ont confirmé que le mécanisme de production des vésicules extracellulaires se mettait aussi en route pour les trois pathogènes, d’une manière semblable à la réaction face aux bactéries.
Mais surtout ils ont testé l’effet du froid. Après avoir constaté que la température baissait de 5°C environ à l’intérieur du nez de volontaires sains lorsqu’ils étaient exposés à un environnement de 4 °C, ils ont placé des tissus nasaux dans ces mêmes conditions. Le résultat a apporté un éclairage immédiat : « la quantité de vésicules extracellulaires secrétée par les cellules nasales était alors réduit de 42% par rapport à un environnement plus chaud », indiquent les auteurs.
« Ces découvertes combinées fournissent une explication mécanique à l’existence même d’une variation saisonnière des infections respiratoires supérieures », estiment-ils. Reste désormais à déterminer « comment exploiter cette découverte, recréer un mécanisme de défense dans le nez et ainsi booster sa protection, durant les mois froids », concluent-ils.