Prématurité : se préparer sans dramatiser

15 novembre 2013

Les femmes enceintes envisagent-elles la prématurité ? ©Phovoir

Chaque jour en France, environ 160 petits naissent prématurément, soit 55 000 à 60 000 nouveau-nés par an. Et bien sûr, plus un bébé naît prématurément, moins il est prêt à affronter le monde « extérieur ». Pour les parents, l’événement est bien souvent traumatisant. Y sont-ils assez préparés ? Sont-ils bien informés des risques associés à la prématurité ? A l’occasion des Etats Généraux de la Prématurité le 10 octobre dernier puis de la Journée mondiale sur ce sujet, ce 17 novembre, des auteurs se sont penchés sur leur vécu.

Il y a prématurité… et prématurité. D’une manière générale, la prématurité « se définit comme une naissance qui survient avant 37 semaines d’aménorrhée, soit avant la fin du huitième mois de grossesse », nous explique le Pr Thierry Debillon, chef du service de néonatologie au CHU de Grenoble. Mais la prématurité comporte plusieurs degrés. « On parle de grande prématurité avant 32 semaines, et d’extrême prématurité avant 28 semaines. Ce sont ces enfants-là pour lesquels nous nous posons le plus de questions quant à leur devenir ».

Quelles complications ? Selon leur degré de prématurité, ces nourrissons nécessitent des soins spécifiques à la naissance. Ils doivent par exemple être maintenus « au chaud » car leur organisme a tendance à se refroidir plus vite que celui des petits nés à terme. Ils peuvent aussi présenter une détresse respiratoire néo-natale liée au fait que leurs poumons sont encore immatures. C’est pourquoi certains d’entre eux seront placés sous assistance respiratoire. Les prémas sont aussi particulièrement exposés au risque d’infections nosocomiales pendant l’hospitalisation. Mais aussi d’infections respiratoires courantes lors des deux premières années de vie. Parmi les enfants présentant des complications respiratoires, certains pourront développer un asthme, surtout si un terrain familial existe. », poursuit le Dr Debillon.

Le risque de prématurité constituerait une véritable préoccupation pour les trois-quarts des futures mamans. C’est en effet ce qui ressort d’une étude conduite par l’Institut des mamans (IDM) à l’occasion de la Journée mondiale de la prématurité, le 17 novembre.

Que savent-elles de la prématurité avant de la vivre ? D’une manière générale, six femmes enceintes sur dix s’estiment bien informées des facteurs de risque de prématurité. Et 53% sur les complications. Mais cette étude nous apprend surtout que cette information provient d’un médecin dans seulement 19% des cas.

Du côté des mères qui ont vécu la prématurité, une sur deux affirme toutefois avoir été renseignée (complications…) lors de sa grossesse par un professionnel de santé. Selon la majorité d’entre elles, cette information serait toutefois tardive (après le 7e mois de grossesse). Autrement dit lorsque le risque est imminent. C’est ainsi que les mamans de grands prématurés ont le sentiment d’avoir été moins sensibilisées. A tel point que 42% d’entre elles affirment avoir été prises au dépourvu. Et 32% déclarent avoir vécu un véritable « choc ». Un ressenti qui illustre tout le besoin d’information des parents.

Une dure réalité… Comme le souligne le Pr Thierry Debillon, « nous n’informons pas systématiquement toute femme enceinte sur le risque de prématurité et ses complications. En revanche, nous abordons le sujet auprès des couples « à risque » (grossesse multiple, antécédent de prématurité, hypertension artérielle maternelle sévère). Parfois la prématurité survient soudainement, ne laissant pas le temps à une information des risques de cette pathologie ».

Des conséquences… financières ! Au-delà de la dimension émotionnelle, l’enquête nous renseigne également sur les effets collatéraux moins connus – financiers voire professionnels – de la prématurité d’un enfant. Deux mamans sur trois – la proportion grimpe à 81% pour les parents de grands prématurés – font ainsi état de « conséquences financières » non négligeables.

L’allongement de la durée d’hospitalisation et les soins quotidiens peuvent aussi avoir une répercussion sur l’activité professionnelle. La moitié des parents sont contraints d’adapter leurs heures de travail. Et 13,9% des mamans de grands prématurés ont même été contraintes de démissionner !

Malgré tout, dans 70% des cas, l’expérience de la prématurité ne semble pas impacter l’envie d’avoir d’autres enfants. Voilà qui illustre l’importance de bien s’informer auprès des professionnels de santé, pour bien se préparer, sans dramatiser.

Pour en savoir plus rendez-vous sur le site www.bebeprema.fr. Vous pourrez mieux comprendre le Parcours du bébé pendant son hospitalisation (avec de très belles vidéos), accouchement, retour à la maison… et vous y trouverez une mine d’informations sur la prématurité.

Ecrit par David Picot – Edité par Emmanuel Ducreuzet

  • Source : Interview du Pr Debillon, 9 octobre 2013 – Etude de l’Institut des mamans (IDM) réalisée pour AbbVie par questionnaire auto-administré entre le 12 juillet et le 23 septembre dernier auprès de 100 femmes enceintes et de 374 mamans d’enfants nés prématurément.

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