PrEP à la demande : son efficacité se confirme

25 juillet 2017

La prophylaxie pré-exposition (PrEP) est très efficace. Plusieurs résultats dans le cadre de l’essai français Ipergay publiés à l’occasion de la conférence scientifique sur le VIH de l’IAS à Paris (23-26 juillet) renforcent encore ce constat. Notamment lorsque les comprimés sont pris à la demande, au moment d’un rapport sexuel à risque. Quelle que soit la fréquence de ces rapports. Par ailleurs, cette méthode de prévention pourrait à l’avenir se décliner sous diverses formes, gel, anneau vaginal, implant…

Prendre une pilule d’antirétroviral quotidiennement ou à la demande pour éviter de risquer une contamination au VIH. C’est le principe de la PrEP. Depuis un an et la délivrance d’une Recommandation temporaire d’utilisation (RTU), les hommes qui ont des rapports avec des hommes et qui déclarent des comportements à risque peuvent y avoir accès en France. En grande partie grâce aux résultats de l’étude Ipergay lancée en 2012.

Sa phase ouverte, dans laquelle tous les participants recevaient le Truvada® à la demande avait elle, été lancée en novembre 2014. Les résultats définitifs révélés en 2016 montraient la très grande efficacité de ce traitement préventif, estimée à 97%, équivalente à celle de la PrEP prise en continu. Publiés officiellement ce 24 juillet dans The Lancet HIV, les dernières données montrent en outre qu’« il n’y a pas d’augmentation significative des infections sexuellement transmissibles (IST) ».

Une méthode valable en cas de rapports sexuels peu fréquents

Pour consolider encore ces excellents résultats, les chercheurs ont mené une sous-étude. Objectif, évaluer l’efficacité de la PrEP lors d’une prise à la demande chez les gays ayant moins de rapports sexuels et prenant donc moins de comprimés.

Deux groupes ont été créés, l’un sous Truvada®, l’autre sous placebo. Chacun devait absorber 2 comprimés dans les heures précédant le rapport sexuel, 1 comprimé 24 heures après la première prise et 1 comprimé 48 heures après la première prise. « L’analyse des données s’est portée sur les périodes de l’essai où les participants prenaient moins de 15 comprimés par mois, mais à chaque rapport sexuel », détaillent les auteurs. Cela correspondait à une prise médiane de 9,5 comprimés par mois avec une médiane de 5 rapports sexuels par mois.

Protéger individuellement et collectivement

Résultat, « 6 infections par le VIH sont survenues, toutes dans le bras placebo », indiquent les chercheurs. En d’autres termes, « aucune contamination n’a été observée dans le groupe de participants prenant peu de Truvada® à la demande mais de façon adaptée à leur activité sexuelle ». Cette observation semble ainsi confirmer la très haute efficacité de la PrEP à la demande, y compris chez les participants ayant peu de rapports sexuels, lorsque l’observance est bonne. « Si les comprimés sont bien pris, cette méthode permet en effet une bonne prévention », souligne le Pr Jean-Michel Molina, responsable scientifique de l’essai ANRS-Ipergay (Hôpital Saint-Louis, Paris),

De plus, la PrEP présente d’autres atouts. « Son administration est associée à des tests de dépistage réguliers et en cas de contamination, la mise en route d’un traitement très précoce est possible », explique le Pr Molina. Car l’intérêt de cette méthode préventive est aussi de protéger la collectivité et donc d’avoir un impact sur la santé publique et d’agir contre l’épidémie.

Implant, gel, anneau, injection…

La prophylaxie pré-exposition est également étudiée sous diverses formes par plusieurs équipes de chercheurs dans le monde. Même si les résultats en termes d’efficacité semblent inférieurs à ceux de l’administration orale. « L’anneau, le gel, les implants ou les injections ne sont de toute façon pas encore validés », rappelle le Pr Jean-Michel Molina. « Mais l’important c’est l’adhésion et l’observance à la méthode préventive. Si un dispositif peut être toléré et régulièrement utilisé, il présente un intérêt dans l’arsenal préventif. »

  • Source : de notre envoyée spéciale à la conférence scientifique sur le VIH de l’IAS, Paris, 23-26 juillet 2017

  • Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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