PrEP : étendre cet outil de prévention du VIH est une nécessité
29 novembre 2024
5 500 personnes ont découvert leur séropositivité l’année dernière en France. L’épidémie de VIH est donc toujours présente et, malgré les succès des traitements antirétroviraux, la prévention diversifiée demeure une stratégie primordiale. C’est pourquoi la HAS recommande l’accès à la prophylaxie pré-exposition (PrEP) à toutes les situations à risque d’exposition au VIH.
L’épidémie de VIH est toujours active en France. En 2023, le nombre de personnes contaminées était estimé à 3 650, le nombre de personnes ayant découvert leur séroposivité à 5 500. Un nombre qui a augmenté régulièrement après la fort baisse observée en 2020 et le début de l’épidémie de Covid-19. Les personnes nées à l’étranger figurent parmi les premières contaminées, les femmes par rapports hétérosexuels et les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH).
Qui sont les personnes qui ont découvert leur séropositivité en 2 023 ?
- 55 % sont hétérosexuel.le.s. Parmi elles, 40 % sont nées à l’étranger, 15 % en France ;
- 40 % sont des HSH. Parmi eux, 26 % sont nés en France et 14 % à l’étranger ;
- 2 % des personnes sont des transgenres contaminés par rapports sexuels ;
- 1 % sont des usagers de drogue ;
- 1 % sont des enfants contaminés de moins de 15 ans, en majorité nés en Afrique subsaharienne.
Malgré les succès des antirétroviraux, le stade sida et ses complications n’ont pas disparu. Près de 25 % des infections par le VIH en France sont découvertes à un stade avancé. « Il apparaît nécessaire de renforcer les actions de prévention et de dépistage ciblées et répétées dans les populations les plus exposées, tout en poursuivant le dépistage systématique en population générale, au moins une fois dans la vie lors de tout recours aux soins », note la Haute autorité de Santé (HAS).
La PrEP, outil de prévention à part entière
Le socle de la prévention consiste à permettre aux personnes à risque de s’infecter d’adopter au moins un des outils de la palette des moyens ayant montré leur efficacité. Notamment le préservatif (interne et externe), le traitement post-exposition (TPE) après un rapport à risque, la prophylaxie pré-exposition (PrEP), prise en continu ou avant et après une pratique sexuelle non protégée.
Dans ses dernières recommandations de bonne pratique, la HAS réaffirme l’importance de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) comme un outil à part entière de prévention particulièrement efficace. Elle recommande la nécessité d’étendre la PrEP au-delà des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes multipartenaires qui représentent actuellement la quasi-totalité des prescriptions. « Les femmes représentent 32 % des nouvelles infections en 2021 mais seulement 2,5 % des nouvelles initiations de la PrEP ; on a bien réussi à toucher le public HSH urbain et éduqué, mais on a un angle mort chez les femmes, chez les trans, chez les personnes en grande précarité », résumait en 2022 pour le Journal international de Médecine (JIM) l’infectiologue Gilles Pialloux, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon (Paris).
Le recours à la PrEP, que tout médecin peut prescrire, doit être systématisé « à toutes les situations estimées comme à risque d’exposition au VIH quels que soient le genre et l’orientation sexuelle des personnes ». HSH, femmes transgenres, couples hétéroxuels sérodifférents, population générale exposée, utilisateurs de drogues par voie intraveineuse, la PrEP a fait ses preuves pour toutes ces catégories de population. « La survenue d’une infection VIH sous PrEP est rare, et majoritairement liée à des défauts d’observance du traitement préventif ; elle nécessite un avis spécialisé rapide. »
La PrEP en complément du TPE ?
Autre outil de prévention, mieux connu que la PrEP, le traitement post-exposition (TPE). Notez qu’après un rapport avec une personne séropositive, le TPE n’est pas indiqué quand le partenaire vivant avec le VIH a un traitement antirétroviral depuis plus de 6 mois et une dernière charge virale indétectable (<50 copies du virus /mL de sang) dans les 6 derniers mois.
Celui-ci doit être instauré le plutôt possible, idéalement dans les 4 heures. Et il n’est efficace que s’il est débuté dans les 48 heures suivant l’exposition. Le PTE associe trois molécules antirétrovirales pendant une durée de 30 jours. Les dernières recommandations font du TPE une porte d’entrée vers la PrEP si l’exposition accidentelle est amenée à se répéter. « Toute prescription de TPE (hors contexte d’exposition parentérale professionnelle) doit faire discuter un relais ultérieur par une PrEP du VIH, qui pourra idéalement être débutée dès l’issue du TPE », précise la HAS.
Pour que la PrEP se démocratise, il faut qu’elle soit connue du grand public, ce qui n’est toujours pas le cas en France actuellement. Santé publique France rediffuse ainsi la campagne « Tout le monde se pose des questions sur la sexualité ». Objectif : informer sur la diversité et la complémentarité des outils de protection et de dépistage (préservatif, PrEP, TPE, TasP – indétectable = intransmissible-, vaccination contre les IST, dépistage) et inciter à y recourir.
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Source : JIM.fr, HAS, Santé publique France, ministère de la Santé
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet