Prévention du cancer de la prostate : un réel espoir
27 juin 2003
Une équipe américaine vient pour la première fois de montrer la possibilité de réellement prévenir le cancer de la prostate. Avec une baisse de 25% du nombre de cancers après 7 ans de traitement par le finasteride, cest une avancée très stimulante.
Avec 10 000 morts par an dans notre pays, avec aussi 220 000 nouveaux cas annuels aux Etats-Unis, cest le cancer masculin le plus fréquent. Et aussi un cancer davenir
Les Américains sattendent à en diagnostiquer 380 000 chaque année à lhorizon 2025, soit une augmentation de 73% en moins dun quart de siècle !
Publiée en avant-première sur le site internet du New England Journal of Medicine, destinée à paraître dans lédition « papier » de notre confrère le 17 juillet prochain, une large étude sur près de 19 000 sujets de 55 ans et plus évalue le potentiel préventif du finasteride. Déjà utilisé dans le traitement de lhypertrophie bénigne de la prostate (HBP) et de lalopécie androgénétique, ce médicament bloque la transformation de la testostérone lhormone mâle en dihydrotestostérone. Cette substance est un androgène primitif et, à ce titre, joue un rôle déterminant dans la naissance et le développement du cancer de la prostate, dont lhormonodépendance est bien connue.
« Des données saines et peu susceptibles de changements notables »
Coordonné par le National Cancer Institute américain, le Prostate Cancer Prevention Trial a pris en compte le devenir de ces 19 000 sujets au cours dun traitement de 7 ans soit par finasteride, soit par placebo. Au lancement de létude, tous les sujets avaient un toucher rectal qualifié de normal. Prévu pour être terminé en mai 2004, ce travail vient dêtre interrompu. « Les données sont saines, et il est peu probable que les conclusions de létude évoluent », estime le Data and Safety Monitoring Committee, un organisme de contrôle indépendant.
Des données spectaculaires et en demi-teinte. Le finasteride a bel et bien permis une réduction de 24,8% de la prévalence du cancer de la prostate par rapport au placebo. La preuve donc, quil peut « réellement prévenir ou retarder lapparition dun cancer de la prostate ». Des effets secondaires plus ou moins importants, notamment sur la libido et la fonction sexuelle, sont apparus dans les deux groupes, mais un peu plus chez les sujets traités. Ils ont été contrebalancés par une amélioration fonctionnelle de la dynamique urinaire.
Autre fait notable : les cancers de la prostate parmi les patients du « groupe finasteride », sils ont été beaucoup moins nombreux, ont présenté un degré de gravité supérieur à ceux du groupe placebo. Peut-être parce que, le traitement réduisant le volume de la prostate et la quantité de tissu prélevée étant toujours la même, les échantillons recueillis sur les sujets traités étaient proportionnellement plus volumineux
Les auteurs concluent logiquement que patients et médecins doivent soigneusement considérer le rapport avantages/inconvénients de ce traitement. Le finasteride doit-il être recommandé en prévention du cancer prostatique ? Des études complémentaires seront indispensables pour mieux comprendre les origines et le devenir de ce type de cancer. Il est bien évident que lidéal serait de ne lancer ce type de traitement que chez les malades dont le cancer serait susceptible dy répondre
Dans un éditorial à paraître, le Dr Peter T. Scardino (New York) souligne donc « le besoin urgent dune meilleure évaluation des risques posés par un cancer nouvellement diagnostiqué. »
-
Source : National Cancer Institute, 24 juin 2003 ; New England Journal of Medicine, Vol.349, n°3, pp. 295-97 et 213-222