











Actuellement en France, aucune molécule ne bénéficie d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la prévention du cancer du sein. Placés dans ce contexte, les résultats de ce travail baptisé MAP 3 avaient tout pour plaire.
L’étude a été réalisée auprès de 4 560 femmes « à haut risque de cancer du sein » aux Etats-Unis, au Canada, en Espagne et en France. « A haut risque » ? « Ce sont pour l’essentiel des femmes de plus de 60 ans, avec des antécédents personnels ou familiaux de cancer du sein mais aussi d’autres facteurs liés à la vie hormonale », précise le Pr Pascal Pujol (CHRU Arnaud de Villeneuve à Montpellier), responsable de la partie française de l’étude.
« Aussi bien en termes d’efficacité avec cette diminution du risque des deux-tiers, que de tolérance, les résultats ont été au-delà de nos espérances », poursuit-il. Il faut dire que les scientifiques avaient quelques doutes. L’exemestane est – pour les initiés – un inhibiteur de l’aromatase. Autrement dit, un anti-estrogénique, comme deux autres traitements bien connus, le tamoxifène et le raloxifène. Ces derniers sont indiqués aux Etats-Unis dans la prévention des cancers du sein. Mais en raison d’effets secondaires graves (cancer de l’endomètre, embolie pulmonaire), ils restent très peu prescrits dans cette indication. « Le mécanisme d’action de l’exemestane est toutefois radicalement différent des deux autres molécules », rassure le Pr Pujol. « Il va en quelque sorte couper la production d’estrogènes, impliqués dans la genèse des cancers du sein ».
Vers une prescription hors-AMM…
En France, les inhibiteurs de l’aromatase sont utilisés depuis 10 ans pour prévenir les récidives de cancer du sein chez la femme ménopausée. L’indication en « prévention du cancer du sein chez les femmes à haut risque » ne leur est pas reconnue. Le problème est que le brevet de l’exemestane expire avant la fin de l’année 2011. La molécule tombant dans le domaine public et devenant un générique potentiel, il est permis de se poser la question de son développement futur.
L’exploitant – le laboratoire Pfizer – sera-t-il prêt à investir des centaines de milliers d’euros en demandes d’AMM, sachant que le retour financier ne sera jamais à la hauteur ? Ses représentants n’ont pas souhaité « faire de commentaires sur l’aspect réglementaire d’Aromasine® ». Tout au plus soulignent-ils leur certitude « que l’évaluation continue de l’Aromasine® par la communauté scientifique contribue à une meilleure connaissance des cancers du sein. Elle pourrait aider à déterminer la meilleure utilisation des inhibiteurs de l’aromatase… » Au-delà de ce langage convenu, les spécialistes rencontrés à Chicago estiment qu’une réponse négative ne fait aucun doute. Est-ce à dire que les patientes ne pourront pas bénéficier de cette molécule ? Pas forcément. Il restera toujours aux médecins la voie de la prescription hors-AMM, sur la base d’études cliniques solides et sérieuses. Une voie étroite mais bien réelle…
Source : de notre envoyé spécial au 47ème congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), Chicago, 3-7 juin 2011 – The New England Journal of Medicine, DOI: 10.1056/NEJMe1106052.
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