Prévention : l’alcool, le talon d’Achille du gouvernement
27 mars 2018
Yuriy Bartenev /Shutterstock.com
Le contenu du Plan national de Prévention présenté hier pose problème en matière d’alcool. L’ensemble des acteurs de la lutte contre les addictions dénonce l’influence « malfaisante du lobby alcoolier ». Selon eux, les mesures proposées « sont cosmétiques, bien en-deçà de la gravité du problème ».
L’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie, la Fédération française d’addictologie, et le Fonds Action addiction estiment que le Plan Prévention du gouvernement ne va pas assez loin en matière d’alcool. « On est très loin de la volonté énoncée par le Président de faire de la prévention un axe fort. La seule mesure concernant l’alcool est l’augmentation de la taille du pictogramme pour les femmes enceintes. » Ces acteurs dénoncent le lobby des alcooliers.
Pour des mesures fortes
Une approche rationnelle et courageuse aurait dû conduire à adopter les mesures dont l’efficacité est démontrée. C’est pourquoi ils recommandent :
un avertissement sanitaire actualisé remplaçant la mention « l’abus d’alcool est dangereux pour la santé» par « l’alcool nuit à la santé » ;
une information des consommateurs sur les calories et les quantités d’alcool pur en grammes et de sucre ;
la suppression de messages trompeurs tels que la Modération ou l’éducation à (bien) boire ;
un contrôle strict et une répression de la vente aux mineurs ;
une taxe sur les boissons alcoolisées en fonction du nombre de grammes d’alcool pur ;
une politique des prix pour freiner la consommation des jeunes, notamment sur les prémix à base de vin;
un encadrement de la publicité, en particulier sur Internet ;
un coup d’arrêt au contournement incessant de la Loi Evin par les marques alibis, et le sponsoring déguisé des manifestations sportives ou culturelles….
Problème, aucune de ces mesures ne figure dans le plan. « Le temps est venu d’en finir avec le jeu de rôle où le ministre de la santé défend la prévention, mais est toujours perdant dans les arbitrages finaux face aux intérêts et doit se contenter de miettes. »