Prévention : place à l’action !

19 décembre 2016

Promulguée en janvier 2016, la loi Santé a mis la prévention au goût du jour. Reste à la faire entrer dans notre système de santé, polarisé sur le soin… Comment passer « de la loi à l’action » ? C’était justement le titre d’un colloque tenu récemment à Paris. L’occasion pour les 150 participants, d’identifier les manques pour transformer cet essai. Le tout, comme le révèle un sondage rendu public à cette occasion, dans un contexte où les Français semblent avoir intégré les bonnes pratiques de prévention. Mais à ce niveau aussi il y aurait un problème de passage à l’acte…

Ce cinquième colloque sur la prévention, organisé par l’Institut Pasteur de Lille et la Fondation PiLeJe, le 9 novembre 2016, était donc une invitation à l’action. Car « la prévention est le maillon manquant de notre politique de soins particulièrement médiocre », lance l’économiste Frédéric Bizard qui se base sur des indicateurs comme les inégalités sociales de santé et la mortalité prématurée. « La santé publique est un combat sur lequel il faut mobiliser ».

Les preuves ne manquent pas en effet pour montrer combien « notre mode de vie joue un rôle sur le développement des maladies chroniques », confirme Jean-Michel Lecerf, chef du service nutrition de l’Institut Pasteur de Lille. « Il est essentiel d’agir sur l’alimentation inappropriée, le manque de sommeil, le stress et la sédentarité. » Et désormais, « nous en savons assez pour agir ». Les Français eux, appliquent les recommandations de façon encore très inégale à en croire un sondage Fondation PiLeJe/IFOP : 7 sur 10 parviennent à ne pas fumer, 64% à limiter leur consommation d’alcool. En revanche, seuls 29% consomment cinq fruits et légumes par jour et 28% pratiquent une activité physique de façon régulière.

Cibler les populations

« L’enjeu est désormais de s’adresser à celles et ceux qui n’y arrivent pas », poursuit Jean-Michel Lecerf. Peut-être en s’appuyant davantage sur la médecine générale « où la prévention occupe une place fondamentale et croissante », rapporte le Dr Philippe Cornet (Université Pierre et Marie Curie, Paris VI). Et puisqu’il est question des médecins, le Pr Jean-François Toussaint, membre du Haut Conseil de la Santé publique (HCSP), met l’accent sur le manque de formation en prévention : « entre 10h et 15h au total sur 6 ans » ! Un point important pour le Pr Lecerf : « élever le niveau de formation, c’est plus de compétences mais aussi de force de conviction ».

Accompagnement thérapeutique

Le Pr Patrick Jourdain insiste lui, sur le concept d’éducation thérapeutique (EP). « Il s’agit de transformer le patient en un acteur des maladies pour qu’il fasse les bons choix, aux côtés des médecins ». Et demain ? L’évolution passera par « l’accompagnement thérapeutique, qui rassemble les critères de qualité de l’EP auxquels on ajoute les nouvelles technologies de l’information ». A l’image de la santé connectée, « un marché exponentiel dans lequel il est compliqué de s’y retrouver », comme l’a rappelé Guillaume Marchand, président de dmd Santé, qui « travaille sur un Vidal de la santé connectée ». Ce colloque a aussi été l’occasion de mettre en évidence quelques initiatives intéressantes en matière de prévention, comme la création d’un centre dédié à la prévention pour tous à Paris (Ellasanté !), l’instauration de chèques santé et même la mise en place d’un diplôme universitaire dédié aux thérapies non-médicamenteuses au… Maroc. Bientôt un en France ?

Retrouvez prochainement le résumé vidéo de toutes les interventions sur www.educationprevention-santé.fr.

  • Source : Colloque ‘Prévention et accompagnement à la santé : de la loi à l’action’, Paris, 8 novembre 2016 – Etude IFOP/Fondation PiLeJe, réalisée auprès d’un échantillon de 1 000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, interviews par questionnaire auto-administré en ligne du 10 au 12 octobre 2016.

  • Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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