Prévention santé : quels leviers pour changer nos comportements ?

16 décembre 2014

Les Français connaissent les méfaits du tabagisme, de la sédentarité, du stress et autre malbouffe, mais ils peinent à s’en défaire. Par manque de volonté donc mais pas seulement. Comment les aider à soulever les leviers du changement, à devenir acteurs de leur santé et surtout à le rester ? C’était justement l’objet d’un colloque tenu en novembre dernier à Paris.

« Nous avons une bonne médecine curative mais nous sommes moins performants au niveau de la prévention des risques », explique Jean-Louis Touraine, député PS du Rhône. Il s’est exprimé lors d’un colloque sur l’éducation à la santé organisé le 20 novembre dernier au Palais Bourbon (Paris) par l’Institut Pasteur de Lille, la Fondation d’entreprise PiLeJe et l’association Coopération Santé.

La prévention est l’un des grands axes de la future loi de santé publique qui sera discutée en janvier 2015 à l’Assemblée nationale. Député PS de Haute-Garonne et rapporteur du budget du PLFSS 2015, le Dr Gérard Bapt concède qu’« il est difficile de décréter politiquement les changements si nous ne sommes pas accompagnés culturellement par la société. »

Dans l’opposition, Jean-Pierre Barbier (UMP – Savoie), est persuadé que « ce projet de loi accouchera d’une souris. Les objectifs sont si nombreux qu’ils font penser à un catalogue. Et puis surtout, qu’en est-il du financement » ? Même son de cloche pour la chef du service de médecine du sport du CHU de Clermont-Ferrand, Martine Duclos, « ce projet de loi est fabuleux au niveau des objectifs. Mais au niveau des moyens pff… Et dans le contenu, pas un mot sur l’activité physique qui reste la meilleure arme contre les maladies cardiovasculaires.»

Promouvoir la santé

Pour le Dr Jean-Michel Lecerf, directeur de l’Institut Pasteur de Lille, « les comportements sont difficiles à modifier ». Même si un sondage IFOP/Fondation PiLeJe révèle que 43% des Français affirment avoir tendance à repousser au lendemain leurs bonnes résolutions, « on ne peut pas toujours invoquer le manque de volonté », poursuit le médecin lillois. « La maladie, la question des coûts, des aspects environnements ou psychologiques etc., constituent des freins dans bien des cas ».

Le sociologue Jean-Pierre Corbeau (Université François Rabelais de Tours) insiste sur « l’importance de développer les ateliers-cuisine. Car il n’existe pas d’éducation nutritionnelle en dehors de la présence d’aliments ». Il rappelle encore que « l’on mange bien moins gras que nos parents et grands-parents. Alors arrêtons la stigmatisation sur des comportements qui n’existent plus. La différence par rapport aux époques précédentes est à chercher du côté de la dépense calorique, beaucoup moins importante de nos jours ».

En conclusion, il ressort de ces débats riches et souvent engagés, plusieurs leviers du changement. Pour Jean-Michel Lecerf, « celui-ci passe par une meilleure organisation du système de soins car la prévention ne s’improvise pas ». Il insiste surtout sur la communication « grand public » : « nous devons passer d’une prévention subie à la promotion de la santé. Les recommandations doivent être à la fois positives et prudentes afin d’éviter de stigmatiser certaines populations. Par exemple, la lutte contre l’obésité ne doit pas devenir la lutte contre les obèses… » Et si vous souhaitez en savoir davantage sur le sujet, rendez-vous sur le site www.education-preventionsante.fr.

  • Source : Colloque Education à la santé, les leviers du changement – Aider les Français à devenir acteurs de leur santé tout au long de leur vie, 20 novembre 2014, Paris - Les Français face à la prévention santé. Sondage IFOP/Fondation Pileje, réalisé auprès d’un échantillon de 985 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 14 au 16 octobre 2014

  • Ecrit par : David Picot- Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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