Prolapsus : un traitement au cas par cas
23 novembre 2017
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Le prolapsus touche une femme sur deux après 50 ans. Cette affection correspond à la chute d’un ou plusieurs organes dans la cavité pelvienne. Parfois la vessie, le rectum ou l’utérus ressortent du vagin, provoquant des symptômes comme une lourdeur et une dyspareunie. La prise en charge de cette atteinte n’est pas toujours évidente. Le bénéfice risque d’une intervention chirurgicale doit se discuter au cas par cas.
« Chez certaines patientes, le prolapsus est marqué anatomiquement », explique le Pr Cornu, président du Comité d’Urologie et de Perinéologie (Curopf) de l’Association française d’Urologie (AFU). En d’autres termes, l’organe est descendu très bas et ressort très nettement du vagin. Mais ces cas restent une minorité. Cependant « des prolapsus moyens peuvent suffire à gêner les patientes. » Les symptômes prennent la forme de pesanteurs, d’inconfort, d’une sensation de boule dans le vagin, de dyspareunies (douleurs pendant les rapports sexuels) ou encore des signes en rapport avec l’organe objet du prolapsus (symptomes urinaires, gynécologiques ou digestifs).
Lorsque la patiente souhaite une prise en charge, les séances de kinésithérapie donnent des effets modestes. Devant un inconfort persistant, une intervention chirurgicale peut être envisagée. Deux grandes options s’offrent alors. La voie abdominale par cœlioscopie pour accrocher l’organe avec des bandelettes sur les ligaments du bas de la colonne vertébrale. La voie vaginale est aussi possible, avec une réparation dite « autologue », utilisant uniquement les tissus de la patiente, ou bien avec pose de prothèse synthétique. « Aujourd’hui, les prothèses par voie vaginale sont recommandées en seconde intention, dans des cas particuliers, après discussion du rapport bénéfice/risque », note le Pr Cornu.
Le choix de la prothèse, en dernier recours
En effet, les effets indésirables de cette solution sont loin d’être anodins. Douleurs, saignements, érosion, dyspareunie… Mises au point dans les années 2000, ces prothèses ont, pour certaines, fait l’objet de plaintes de patientes. Comme le Prolift commercialisé par Johnson et Johnson par exemple. Il a été retiré du marché en France en 2013, en même temps que 3 autres dispositifs médicaux similaires. Et ce à l’initiative des fabricants.
Des actions en justice sont toujours en cours en Australie et aux Etats Unis dénonçant les effets indésirables graves (douleurs permanentes, perforations ou lacérations de vaisseaux, de nerfs, de la vessie, de l’urètre ou de l’intestin) mais aussi le manque d’information préalable. Il existe « d’autres prothèses semblables, pour la plupart faites de polypropylène et fonctionnant aussi comme des filets, sont encore disponibles et peuvent être une option pour les patientes ne pouvant être opérées autrement: le tout est de porter une indication la plus fine possible, et d’avoir d’une discussion approfondie ces patientes dont la situation est par définition très complexe », assure le Pr Cornu. « Soit parce qu’elles ont déjà subi trop d’interventions par cette voie, soit parce qu’elles ne peuvent supporter une anesthésie générale. Les prothèses sont proposées en cas d’échecs d’interventions précédentes, ou sur des terrains particuliers avec un risque de récidive très élevé. »
Reste, dans ce cas, la problématique du choix du dispositif. Or « nous manquons de données comparatives », souligne-t-il. Sans oublier que « retirer une prothèse n’est pas aisé ». Mieux vaut donc avoir bien soupesé les bénéfices et les risques de cette option avant de se lancer.
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Source : interview du Pr Jean-Nicolas Cornu, urologue du CHU de Rouen, 14 novembre 2017
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet