Psoriasis : bien plus qu’une maladie de peau
21 avril 2016
Hriana/shutterstock.com
En plus d’une souffrance physique, le psoriasis entraîne souvent une fragilité psychologique importante. Baisse de l’estime de soi, complications dans les relations sociales et intimes, perte de chances dans la vie professionnelle… 20% des patients ont même envisagé le suicide. Au poids de la maladie s’ajoute la lourdeur de la prise en charge. Les soins mènent en effet à l’insatisfaction de certains patients, voire à l’abandon de traitement.
Le psoriasis est une maladie inflammatoire chronique non contagieuse. Environ 2 millions de personnes en sont atteintes en France. Plus de six patients sur dix ont moins de 30 ans. Forme la plus courante de la maladie, le psoriasis en plaques se caractérise par la présence de plaques rouges sur le corps. Autre symptôme caractéristique, une accumulation de petites peaux appelées squames.
La peau se renouvelle
Ces plaques sont en réalité le résultat d’un renouvellement accéléré de la couche de l’épiderme. Les cellules cutanées se renouvellent en 4 à 5 jours, au lieu des 3 à 4 semaines habituelles. La maladie affecte plus particulièrement les zones de frottement : coudes, genoux, cuir chevelu… Dans 30% des cas, les patients souffrent également d’un rhumatisme psoriasique (inflammation des articulations).
C’est peu dire que cette affection retentit sur la vie sociale des malades. Ainsi Stéphane souffre-t-il de psoriasis depuis l’âge de 7 ans. Aujourd’hui âgé de 36 ans, il connaît sur le bout des doigts le fardeau de la maladie. « A l’adolescence, vivre avec des plaques sur tout le corps, c’est extrêmement pénible. Ensuite sur le plan professionnel, il est toujours très désagréable de se rendre en clientèle avec des plaques sur le visage. A travers le regard des autres, on perd totalement confiance ».
Les 3/4 des patients estiment que leur maladie a un impact négatif sur leur qualité de vie. « Aller vers une personne dont l’apparence peut susciter des questions, ce n’est pas évident, j’ai eu beaucoup de mal à envisager une vie de couple » explique Stéphane.
Une prise en charge lourde et contraignante
« Mon traitement est certes efficace, mais il est à l’origine, dans mon cas, d’une forte fatigue et donc d’une perte très importante d’énergie. Sans parler de ma prise de poids ». Auparavant Stéphane se traitait avec des crèmes à base de corticoïdes. « J’avais des pommades que je devais appliquer deux fois par jour sur tout le corps. C’est une matière grasse, qui colle aux vêtements, aux draps. C’est un traitement très contraignant que je ne supportais plus et que j’ai arrêté à plusieurs reprises. »
Le cas de Stéphane n’est pas isolé. D’ailleurs, selon une enquête internationale menée auprès de 3 500 patients, près de 50% des patients considèrent que les traitements sont pires que la maladie elle-même et n’hésitent pas à les interrompre. Ce qui explique sans doute pourquoi la moitié des malades n’a pas consulté de professionnel de santé dans les 12 derniers mois. Ceci illustre la nécessité pour les professionnels de santé de prendre en compte le vécu et les besoins de chaque patient. Des paramètres essentiels pour proposer une prise en charge thérapeutique adaptée.
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Source : Interview de Stéphane, 8 mars 2016 – Evolution multinationale du Psoriasis et du Rhumatisme psoriasique auprès de 3 426 patients et 781 médecins rhumatologues et dermatologues
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Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Laura Bourgault