Psoriasis et travail : stop à la stigmatisation
30 novembre 2017
Près d’un million de Français souffre de psoriasis ou d’un rhumatisme psoriasique. Une maladie chronique qui aujourd’hui encore reste méconnue et stigmatisante. Le monde du travail ne fait pas exception à la règle. Moqueries, pression, manque de reconnaissance… Une enquête menée sur la situation professionnelle des patients dresse un constat édifiant.
Reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme « une maladie non contagieuse, chronique, douloureuse, inesthétique, invalidante et incurable », le psoriasis est souvent vécu comme une maladie honteuse. Mais qu’en est-il dans le monde du travail ? L’Association France Psoriasis et Celgene ont mené une enquête – PsoPRO – sur l’impact du psoriasis et du rhumatisme psoriasique dans la vie professionnelle des patients comparativement à ceux des actifs de la population générale.
« C’est une enquête à laquelle nous tenions beaucoup », nous explique Roberte Aubert, présidente de l’association France Psoriasis. « Car nous savions à travers les nombreux témoignages reçus sur notre ligne téléphonique et sur les réseaux sociaux de l’association, qu’il émergeait une réelle problématique du psoriasis au travail. Et ceci aussi bien au niveau de l’embauche, de l’évolution de carrière, du licenciement. Il nous paraissait donc important de disposer de données tangibles. »
Résultats, les patients semblent bien plus impliqués dans leur travail par rapport à la population générale. Pour un quart des actifs atteints de psoriasis cutané modéré à sévère ou de rhumatisme psoriasique, le travail est plus important que tout le reste (25% à 28% contre 8% des actifs en général). « C’est une donnée très intéressante. Malgré la pression qu’ils subissent, le travail leur permet de prendre de la distance sur eux-mêmes, sur la maladie car ils s’investissent dans autre chose », commente Roberte Aubert.
Des moqueries comme à l’école
Impliqués et motivés, ils sont pourtant victimes de moqueries de la part de leurs collègues. Près de 70% affirment avoir subi des moqueries sur leur apparence physique et 65% des suspicions sur leur niveau d’hygiène. « Le taux de moquerie nous a interpelé. Le psoriasis ne suscite aucune empathie. La maladie n’est pas prise au sérieux, alors qu’elle peut constituer un handicap en cas de psoriasis modéré à sévère».
Et ce n’est pas tout ! Près de 4 actifs sur 10 atteints de psoriasis déclarent avoir déjà connu un blocage dans leur carrière, 31% ont été licenciés ou n’ont pas vu leur contrat de travail renouvelé. Ils sont d’ailleurs trois fois plus nombreux à avoir connu des périodes courtes de chômage au cours des 5 dernières années (18% contre 6% des actifs en général). « Nous sommes dans une société où il faut paraître, donner une image sociale. Or les patients peuvent craindre de ne pas être à la hauteur. Trop souvent, on nous dit, c’est dans la tête, c’est nerveux ou bien encore que nous sommes psychologiquement difficiles à gérer ».
L’ensemble de ces résultats traduit bien le déficit d’information sur le psoriasis. Face à ce constat, l’association et le laboratoire Celgene proposent une concertation avec l’ensemble des parties prenantes sur le sujet afin d’améliorer la situation professionnelle de ces personnes. « Cela fait des années que nous luttons pour mieux informer les Français. Il faudrait une sensibilisation particulière au niveau des DRH et des médecins du travail pour évaluer le fardeau de la maladie et adapter les postes en fonction de la sévérité du psoriasis et du rhumatisme psoriasique », indique Roberte Aubert.
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Source : Enquête IPSOS conduite du 13 juillet au 8 août 2016 auprès de deux échantillons de 604 actifs représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus et de 798 actifs souffrant de psoriasis.
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Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Vincent Roche