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Quelle place occupe la téléconsultation dans la pratique quotidienne des soignants ? La plateforme de prise de rendez-vous Doctolib a dévoilé mardi 17 juin une étude sur les prises de rendez-vous en téléconsultation pour 2024.
Selon les résultats, 5,1 millions de téléconsultations ont été réalisées via la plateforme Doctolib, qui n’est pas la seule plateforme mais reste hégémonique, par près de 15 000 utilisateurs appartenant à cinq spécialités, médecine générale, psychiatrie, gynécologie, dermatologie et pédiatrie. Pour les seuls médecins qui pratiquent la téléconsultation, cela représente 7,4 % de leur activité. Mais avec des niveaux très variables selon la spécialité.
1 – la psychiatrie : 20,3 % de l’activité ;
2 – la médecine générale : 8,1 % ;
3 – la pédiatrie : 5,1 % ;
4 – la gynécologie : 4,8 % ;
5 – la dermatologie 4,4 %.
En matière de volume, c’est la médecine générale qui l’emporte avec 4 millions de téléconsultations réalisées en 2024, « un record depuis 2022 ». Mais les téléconsultations, sur l’ensemble des spécialités prises en compte, sont en léger recul, 4,8 % de l’ensemble des consultations soit une baisse de 0,7 %.
La téléconsultation apparaît comme un outil de suivi des patients déjà connu par les praticiens et représentent 82 % des rendez-vous. Avec des disparités toutefois puisque 95 % des téléconsultations en psychiatrie sont réalisées avec un patient connu du médecin, contre 64 % en dermatologie.
Le rendez-vous a lieu plus rapidement en téléconsultation qu’en physique. « 54 % des téléconsultations ont ainsi été octroyées dans les 48 heures suivant la demande, contre seulement 32 % pour les consultations physiques ; 42 % sont même programmées en moins de 24 heures, soit près du double des consultations physiques (23 %) », précise la licorne française. C’est encore plus rapide en médecine générale et pédiatrie, avec plus de 60 % des RDV fixés dans les 48 heures.
Les durées de consultations sont plus courtes en visio, en moyenne de 8 minutes en pédiatrie à 3 minutes en psychiatrie ou dermatologie. Comment l’expliquer ? Plusieurs raisons à cela. En premier lieu parce que les patients sont connus du médecin et parce que plusieurs sont réalisées en dehors du temps de consultation (facturation, accueil, déplacement), selon les médecins interrogés par la plateforme.
Si la plateforme pointe dans son rapport une téléconsultation « loin d’être un épiphénomène (…) entrée dans la pratique quotidienne des soignants », la Cour des Comptes regrettait dans un rapport publié en avril 2025 un recours insuffisant à ces rendez-vous. Plusieurs chiffres à l’appui : seulement 3,2 % des actes des médecins libéraux et centres de santé en 2023 et 1,4 % dans le secteur hospitalier. 266 milliards d’euros d’actes remboursés par l’assurance maladie, seulement 3 % de l’ensemble des remboursements. « Ces niveaux sont très inférieurs à ceux constatés dans les pays nordiques, au Royaume-Uni et en Espagne », soulignaient les sages de la rue Cambon.
Insuffisants pour que la téléconsultation comble les attentes des pouvoirs publics décrits ainsi par la Cour des Comptes : « un levier de transformation du système de soins puisque d’une part, elles favorisent l’accès aux soins dans les zones souffrant d’un déficit d’offre médicale et pour des publics cibles ; d’autre part, elles permettent de libérer du temps médical et donc d’augmenter le nombre de patients examinés par les médecins »
Un état des lieux en demi-teinte, qui interroge aussi Jean-Urbain Hubau, directeur général France de Doctolib : « pourquoi cet outil bénéficie-t-il principalement aux populations jeunes et urbaines, alors qu’il pourrait révéler tout son potentiel dans les territoires en tension sanitaire, au service de l’ensemble des patients qui en ont besoin ? »
Source : Doctolib, La Cour des Comptes
Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet