Qu’y a-t-il derrière une toux chronique ?

31 janvier 2012

Souvent négligée même si elle est gênante, la toux est considérée – bien à tort- comme un symptôme banal. En fait, si rien ne vient expliquer son apparition et si elle persiste plus de huit semaines, c’est un signe sérieux que les médecins définissent comme une toux chronique. Elle peut être le révélateur de différents problèmes, dont des pathologies potentiellement graves. A prendre donc au sérieux…

La toux est un acte réflexe, dont la fonction première est de protéger les voies aériennes d’une agression : corps étranger, pollen, sécrétions provoquées en réaction à un phénomène infectieux… Elle peut cependant représenter une gêne réelle, surtout lorsqu’elle survient ou se poursuit la nuit, pendant le sommeil. C’est si vrai que 6% des consultations de médecine générale et 10% à 30% des consultations de pneumologie sont motivées par une toux chronique !

Celle-ci peut avoir différentes causes. Les toux iatrogènes par exemple, sont liées à la prise de certains médicaments. Les antihypertenseurs qui appartiennent à la catégorie des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA) par exemple, en font partie. Cette cause bien que connue de toux chronique n’est pourtant pas toujours facilement identifiée, lorsque le médicament est administré depuis longtemps.

Quand recourir à une consultation spécialisée ?

Autre cause bien connue de toux chronique, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Celle-ci se manifeste par une toux matinale qui produit également, des expectorations. C’est une pathologie fréquente – elle représente 5% des toux chroniques – et qui évolue de façon sournoise et… irréversible. Il est donc important de consulter sans tarder. Un asthme ou un reflux gastro-oesophagien (RGO) peuvent également être révélés par une toux tenace, sans aucun autre symptôme associé.

Si l’on ajoute à cela les toux post-infectieuses et les toux d’origine allergique, 80% des toux chroniques se trouvent identifiées… Dans 75% des cas, l’état des patients peut être rapidement amélioré par un traitement adapté.

Ce n’est pas dans la tête !

Dans les 20% restants, les médecins doivent se résoudre à identifier comme « psychogène » ou nerveuse, une toux dont l’origine demeure inconnue. Pourtant, les circonstances dans lesquelles celles-ci surviennent sont généralement, très bien identifiées par les patients eux-mêmes : ils toussent lorsqu’ils sont confrontés à des odeurs fortes, lors de changements de températures importants…

Dans ces conditions, on observe souvent un dérèglement du réflexe de toux : les spécialistes y font référence comme à un « syndrome d’hyperréactivité sensorielle des voies aériennes ». Celui-ci concernerait surtout des femmes à l’âge de la ménopause, qui présentent alors une toux sèche, invalidante, impactant fortement leur qualité de vie.

La consultation médicale est une étape incontournable. Selon le Dr Roger Escamilla, pneumologue à l’hôpital Dominique Larrey de Toulouse, « en France encore trop, peu de médecins semblent aborder ce problème sérieusement. En témoignent les nombreux patients qui nous sont adressés en consultations spécialisées et considérés à tort, comme des tousseurs psychogènes. Or les spécialistes finissent toujours par trouver une cause à leur problème, et à les traiter dans bien des cas ».

  • Source : 16e congrès de pneumologie de langue française à Lyon, le 30 janvier 2012

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