











“Très critique“. Voilà l’état nutritionnel des populations relevant de l’aide alimentaire en France, tel que rapporté par l’étude Abena sur la surveillance nutritionnelle des plus défavorisés. Un travail unique publié aujourd’hui par le BEH.
L’état des lieux est inquiétant. Entre 2004 et 2005, plus de 3,7 millions de Français se sont nourris exclusivement grâce à l’aide alimentaire. Une source d’approvisionnement composée “quasi-uniquement d’aliments très caloriques, (…) bien loin des repères (nutritionnels) diffusés dans le cadre du Programme national nutrition santé (PNNS)“. Et pour cause.
“L’intégralité de l’aide alimentaire en France est diffusée par des associations privées, type Resto du Coeur, sur lesquelles l’Etat n’a aucun pouvoir de surveillance nutritionnelle“, nous a précisé Valérie Deschamps, co-auteur de l’étude. Même le financement des campagnes de distribution échappe aux autorités, puisque “les fonds sont européens, et non français“.
Résultat, les aliments fondamentaux tels que les fruits et légumes sont rarissimes dans l’assiette des populations en grande précarité. A titre d’exemple, seul 1,2% des 1 164 personnes interrogées au sein de structures d’aide alimentaire de 4 zones urbaines -Paris, Marseille, Seine-Saint-Denis, Dijon- ont déclaré manger 5 fruits et légumes par jour… Un chiffre qui tombe à 0,4% à Paris !
Conséquence directe de cette carence, les maladies nutritionnelles. Diabète, cancers, accidents cardio-vasculaires… Les plus démunis vont mal. La proportion d’obèses y est ainsi trois fois supérieure (près de 12%) à celle observée dans le reste de la population ! Une réalité qui amène les auteurs à réclamer “une remise en question de l’organisation même de l’aide alimentaire“.
Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire, n°11-12/2006
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