Quand l’Europe a mal…
17 août 2004
D’après une étude canadienne, un Européen sur cinq vit au quotidien avec des douleurs chroniques. L’arthrose et l’ostéoporose sont en cause une fois sur trois. Quant aux solutions proposées, elles ne semblent guère satisfaisantes…
C’est la plus vaste étude jamais réalisée sur la douleur en Europe ! Présentée durant le 27ème congrès de l’EULAR (European League Against Rheumatism) à Berlin, elle a impliqué plus de… 46 000 patients dans 16 pays. Uniquement des Européens bien que l’auteur, le Dr Claire Bombardier, soit canadienne.
La Norvège tient la tête. Plus de 30% des sujets interrogés s’estiment concernés, contre seulement 15% en France. Première localisation des manifestations douloureuses, le dos avec 42% de citations. Quant à l’origine du mal, elle est liée le plus souvent à l’arthrose ou l’ostéoporose.
Saviez-vous que dans un cas sur cinq ces douleurs chroniques peuvent mener à la perte d’un emploi ? Et chez 40% des patients, la souffrance constitue un obstacle aux gestes de la vie quotidienne ?
Tous pays confondus, plus de 70% des malades consultent un généraliste. Avec un succès inégal et surtout, des perceptions différentes. Les médecins par exemple, sont convaincus que la douleur de leurs patients est bien prise en charge. Ces derniers ne partagent pas cet avis. A tel point que pour la moitié d’entre eux, le médecin paraît davantage préoccupé par la maladie que par ses manifestations douloureuses. Ils soignent des symptômes mais s’intéresseraient peu au vécu de leurs patients…
Des traitements qui ne satisfont pas les malades…
Un patient sur cinq reçoit des ” opiacés mineurs ” et un sur quatre du paracetamol. Et dans 45% des cas on retrouve des anti-inflammatoires non-stéroïdiens, les AINS. Des médicaments qui se sont taillés la part du lion depuis les années 70. Ils ont en effet représenté une petite révolution dans la prise en charge des douleurs d’origine inflammatoire, comme celles liées à l’arthrose. Pourtant, deux malades sur trois estiment que leur traitement est inadapté.
Comme l’explique le Dr Christopher Hawkey de Nottingham (Grande-Bretagne) ” quatre fois sur dix (les AINS) attaquent la muqueuse gastrique. Ils sont donc mal tolérés, à tel point qu’ils peuvent être à l’origine d’ulcères ou d’hémorragies digestives “. Les chiffres font frémir. Hawkey fait ainsi état d’un millier de morts chaque année en Grande-Bretagne, et plus de 100 000 dans le monde ! Tous associés à la prise d’AINS.
Une solution ? Peut-être avec les anti-inflammatoires de la famille des coxibs. Plusieurs études, au cours desquelles les patients se sont vus administrer un AINS classique ou un coxib, ont montré que ” ces derniers entraînent beaucoup moins de troubles gastro-intestinaux “. Environ moitié moins. Et cela avec une efficacité maintenue contre ce qui préoccupe le plus le patient : sa douleur.