Quand la presse professionnelle meurt, toute la presse est atteinte…
07 janvier 2013
©Phovoir
La disparition d’un confrère, c’est un peu comme celle d’un camarade d’école, de lycée, de régiment… Question d’éducation bien sûr, de génération aussi –les copains de régiment sont une notion en voie de disparition depuis 1975 … – l’événement renvoie chacun à son propre destin. La mise en liquidation judiciaire avec cessation d’activité de l’hebdomadaire Impact Médecine pourrait passer inaperçu de beaucoup. Cette revue en effet, n’est destinée qu’aux médecins. Pourtant, elle donne à réfléchir. Alors une fois n’est pas coutume, penchons-nous sur le futur de notre métier.
La disparition d’un journal signe toujours l’échec du pluralisme et une atteinte à l’indépendance de l’esprit. Pour nos confrères de Cardiologie pratique, « Impact Médecine est la première victime de la réduction drastique de la publicité que connaît la presse médicale. (…) L’axiome de base des autorités (françaises) est simple : derrière chaque généraliste il y a un charlatan ou un déserteur, derrière chaque spécialiste il y a un voyou, derrière chaque expert il y a un vendu, derrière chaque acteur médical il y a un corrompu, derrière chaque pharmacien il y a un épicier cupide, derrière chaque industriel il y a un requin et derrière chaque médicament il y a un poison… »
Sans doute le trait est-il un peu exagéré. Mais pour nous qui connaissons le sujet, ajoutons pour faire bonne mesure, que les mêmes bons esprits ont tendance à professer que derrière chaque malade se dissimule un resquilleur ou un tire-au-flanc…
C’est méconnaître les immenses progrès permis par les efforts inlassables de la communauté médicale et des chercheurs. Si notre espérance de vie a explosé durant la seconde moitié du XXe siècle, c’est grâce à eux !
« Quand il n’y aura plus de presse médicale (ni d’ailleurs de congrès), qui diffusera les recommandations, qui informera sur les avancées techniques, sur les progrès thérapeutiques, qui assurera la formation des médecins (la presse étant le 1er vecteur de formation médicale continue), qui fournira des informations spécifiques en cas de crise sanitaire ? » Certainement pas oserons-nous dire, le Journal officiel…
« A qui le tour ? »
A ceux pour qui une presse accueillant de la publicité est nécessairement dépendante et corrompue, nous posons cette simple question. Qui est le plus dépendant de la main qui le nourrit : celui qui perçoit le revenu d’une centaine d’annonceurs différents et… concurrents, ou celui qui vit essentiellement et pendant des années, des seuls subsides alloués par un gouvernement et des autorités – pour une fois bien nommées – de tutelle ?
Ecrit par : Marc Gombeaud (avec Stéphane Vincent de Cardiologie pratique) – Edité par : Emmanuel Ducreuzet