Quand le psoriasis s’en prend aux articulations

29 octobre 2018

Encore très méconnu, le rhumatisme psoriasique touche pourtant près d’un tiers des personnes souffrant d’un psoriasis cutané. Problème, les malades ne pensent pas forcément à la coexistence des deux affections et n’en parlent par conséquent pas à leur dermatologue. D’où un retard diagnostic important. C’est pourquoi une vaste campagne d’information est lancée à ce sujet.

« Le psoriasis est surtout connu pour sa manifestation cutanée », explique Roberte Aubert, présidente de l’association France Psoriasis. « Or dans environ un tiers des cas, il peut s’accompagner de douleurs aux articulations. Il s’agit alors du rhumatisme psoriasique. »

Les symptômes se traduisent par des douleurs nocturnes et des raideurs matinales qui nécessitent un dérouillage long pour le patient. L’inflammation au niveau des doigts et des orteils peut entraîner un gonflement sur plusieurs jours. Au-delà de la douleur très importante, le rhumatisme psoriasique impacte fortement la qualité de vie des patients, avec notamment une fatigue persistante.

Selon l’enquête PsoRhuDerm, diligentée par l’association France Psoriasis, la FFFCEDV avec le soutien de Celgene, 43% des patients interrogés et souffrant de rhumatisme psoriasique n’abordent pas le sujet avec leur dermatologue. Ils estiment en effet que leur rhumatisme n’a rien à voir avec leur psoriasis. « Ceci explique le retard diagnostique », précise Roberte Aubert. « Cette étude montre très clairement qu’il existe un défaut d’information des patients. Ils n’ont pas souvent conscience qu’il peut s’agir d’une même maladie. On peut passer pendant des années à côté d’un rhumatisme psoriasique. » En effet, en moyenne le retard de diagnostic du rhumatisme psoriasique s’établit à 5 ans.

Mieux informer les patients

« Lors de la première consultation avec un diagnostic de psoriasis, on interroge systématiquement le patient sur d’éventuelles douleurs articulaires », souligne le Dr Derancourt, dermatologue libéral et membre de la FFFCEDV. « Lors du suivi, selon sa fréquence, les signes articulaires ne sont pas abordés à chaque fois. Pour un patient traité pour un psoriasis qui voit un dermatologue ponctuellement, par exemple tous les 2 à 3 ans, en alternance avec son médecin traitant, la question des douleurs articulaires est abordée de manière systématique. »

Pour plus d’un tiers des patients interrogés (34,8%), l’ancienneté des signes articulaires était de moins d’un an quand la question a été abordée avec le dermatologue pour la première fois. En revanche pour 35,9%, l’ancienneté des symptômes datait de plus de 5 ans ! Or, pris en charge tardivement, le rhumatisme psoriasique risque d’abîmer de manière irréversible les articulations. « Il est donc primordial d’informer les personnes atteintes de psoriasis cutané que leurs douleurs articulaires peuvent intéresser leur dermatologue », indique Roberte Aubert.

« En tant qu’association, nous pensons que le patient a un rôle clef dans sa prise en charge. Un malade bien informé est un meilleur interlocuteur pour son médecin. C’est pourquoi nous avons décidé de lancer une campagne entièrement dédiée au rhumatisme psoriasique. Elle s’articule autour de trois films et d’une brochure d’information pour alerter les patients. » Elle est pilotée par France Psoriasis et la Fédération française de Formation Continue et d’Evaluation en Dermatologie (FFFCEDV), avec le soutien de Celgene.

Pour davantage d’informations, consultez le site de l’association France Psoriasis : www.francepsoriasis.org. Pour la contacter : 01 42 39 02 55 ou info@francepsoriasis.org . Vous pouvez aussi visionner les vidéos suivantes :

  • Source : Interview de Roberte Aubert, octobre 2018

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dominique Salomon

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