Quand le stress pousse à la faute

22 septembre 2022

Le stress constitue un des maux les plus répandus dans notre société. Il est tout particulièrement présent dans le cadre professionnel et produit de nombreux effets délétères. Parmi eux, le risque de commettre une erreur.

Quel que soit le métier exercé, l’erreur est grandement redoutée. Que l’enjeu soit commercial, financier ou pire, humain, il est préférable de ne pas se tromper dans son travail. Si les raisons de ces erreurs peuvent être nombreuses, un conseil, évitez le stress. En effet, ce fléau de notre époque est largement associé au risque de bavure par plusieurs études.

Parmi elles, on peut citer un travail mené en 2018 par des chercheurs du Data Science Institute de la Columbia University sur des chirurgiens en salle d’opération. Leurs observations ont permis d’associer les pics de stress durant la chirurgie à une hausse de 66% du risque d’erreurs. Effrayant ? Mais pas surprenant selon Vincent Joly, psychologue à Paris. « Le stress parasite la pensée, la réflexion, et on a alors tendance à sous-estimer les conséquences de nos actions », juge-t-il. « On se précipite, ce qui augmente logiquement le risque de se tromper. »

Le stress, véritable problème de santé publique, a été également étudié chez les cadres. « Toutes les études montrent que face à une demande d’accélération de la cadence et donc un stress intense, ils n’arrivent plus à travailler, tombent malades ou commettent des erreurs », poursuit Vincent Joly. Pour éviter ces conséquences, et le mal-être associé, « il faut améliorer les conditions de travail », estime-t-il.

Qu’en est-il des métiers où le stress est inhérent ? En effet, certains secteurs, comme l’armée, la police, les pompiers sont forcément exposés à des situations de stress. Dans lesquelles justement on exige des professionnels de savoir réagir, sans faute. Pour enrayer l’impact du stress, ces métiers « ritualisent ». « Cela signifie que les gestes, le protocole sont préparés et répétés tant de fois que lorsque le professionnel se trouve en situation de stress, il n’a plus besoin de réfléchir pour agir comme il faut », explique Vincent Joly. Le risque d’erreur est alors nettement réduit. Mais « tout ne peut pas être ‘protocolisé’ », ajoute-t-il. C’est pourquoi, à moins que les conditions de travail ne s’améliorent nettement à l’avenir, le stress… les erreurs associées – et le burn-out -, ont encore de beaux jours devant eux.

  • Source : British Journal of Surgery - interview de Vincent Joly, psychologue à Paris, 8 septembre 2022

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche

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