Cellules cancéreuses et légions romaines: même combat!

14 mars 2013

En tortue ? Les soldats se regroupent en carré, le bouclier du premier rang en avant et les autres à l’horizontale au-dessus de la tête, pour former une « carapace » . © Stéphane Paillat

Quel est le lien entre des cellules cancéreuses et les aventures d’Astérix ? Drôle de question.  Tout clin d’œil mis à part, des chercheurs de l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) de l’Université de Montréal ont identifié un nouveau mécanisme permettant à certaines de ces cellules de se déplacer en groupe. Un peu à la manière des légions romaines qui, en formation de tortue, défiaient les héros de Goscinny et d’Uderzo. Pour autant, une éventuelle « potion magique » contre certains cancers est-elle envisageable?

La migration cellulaire collective est un processus essentiel à la croissance et au système de défense de notre organisme. Mais elle permet également aux cellules cancéreuses de se propager efficacement dans l’organisme.

« Nous avons identifié un mécanisme permettant aux cellules de contrôler leur déplacement en groupe. Ce mécanisme serait utilisé par les cellules malignes dans certains types de cancer du sein, de la prostate et de la peau », explique Gregory Emery, principal auteur de ce travail. « Comme les troupes romaines, si certaines cellules cancéreuses se déplacent efficacement, c’est en raison de leurs mouvements étroitement coordonnés. Pour stopper leur progression, nous devons d’abord comprendre comment s’effectue cette coordination. Ensuite  nous pourrons essayer de la bloquer et empêcher la propagation de certains cancers. »

Les chercheurs ont identifié une protéine (Rab11) qui permettrait aux cellules individuelles de repérer le comportement des autres et de se déplacer ensemble. En fait, Rab11 régule le fonctionnement d’une autre protéine, la moésine. Cette dernière contrôle la forme et la rigidité des cellules.

La diminution du niveau de moésine contribuerait à réduire la cohésion des groupes de cellules, nuisant ainsi à leur migration. « Nous avons identifié un mécanisme par lequel les cellules communiquent pour coordonner leurs mouvements. En perturbant ce mécanisme, nous arrivons à bloquer leur migration », précise le Dr Emery.

« Il a déjà été démontré que les protéines en question (Rab11 et la moésine), jouent un rôle dans certains cancers chez les humains » continue Gregory Emery. « Notre travail nous permettra d’identifier des cibles moléculaires pour perturber la migration cellulaire collective et, nous l’espérons, pour lutter contre la formation des métastases.»

Écrit par : Vincent Roche – Édité par : Emmanuel Ducreuzet

  • Source : Université de Montréal, 12 mars 2013 - Nature Cell Biology, 3 février 2013

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