Quelle sexualité durant la grossesse?

05 mai 2022

Continuer de faire l’amour enceinte peut demander quelques adaptations pratiquo-pratiques, surtout à partir du second trimestre. Mais existe-t-il des freins aux rapports sexuels ? Quid des risques pour la grossesse et le développement du fœtus ?

« Consciemment ou non, [la sexualité pendant la grossesse] peut générer des inquiétudes, des angoisses de possibles complications et modifie fréquemment le comportement sexuel des couples », décrit le Pr Patrice Lopès, gynécologue à Saint-Herblain (Loire-Atlantique). En effet, pour certains, la sexualité pendant la grossesse peut « réveiller toutes les ambiguïtés, les craintes, les tabous de la sexualité quand seuls le désir et le plaisir en constituent la finalité, et ce d’autant que la présence du fœtus peut être considérée comme le témoin d’un acte que l’on a toujours voulu considérer comme intime ».

La grossesse peut aussi « être une excuse. Le corps transformé de la femme enceinte peut gêner l’homme et favoriser la confusion entre ce corps et l’objet de ses désirs ».

Ainsi, « pour la femme comme pour l’homme, un refus des rapports sexuels peut s’exprimer ». A savoir que ce refus ne vient souvent pas de nulle part. « La sexualité avant la grossesse conditionne très fortement les relations sexuelles pendant la grossesse », atteste le Pr Lopès.

Au cours de la grossesse, « les conseils sont donc nécessaires pour amplifier l’harmonie du couple et éviter certaines difficultés ». D’autant que le post-partum peut aussi apporter son lot de difficultés. Ces dernières seront d’autant mieux « anticipées si l’on parle de la sexualité au cours de la grossesse ».

Second trimestre, le summum !

A noter que pour 60% des femmes, le désir sexuel reste le même avant et pendant la grossesse. Et le second trimestre reste le meilleur moment pour en profiter. Il s’agit d’une « période privilégiée d’épanouissement physique et psychique. Le ventre s’est arrondi, mais ne constitue pas un obstacle à une vie sexuelle intense et harmonieuse d’autant que la libido peut s’intensifier », décrit le Pr Lopès. « Le pouvoir de séduction de la femme est amplifié. Sur le plan physique, la congestion veineuse vaginale s’associe à une lubrification plus importante. »

Reste que « globalement, la sexualité diminue en fréquence et en intensité au cours de la grossesse », notamment pendant le 3ème trimestre. « Au CHU de Nantes, la diminution de la fréquence des rapports sexuels est observée pour deux tiers des femmes et au 9e mois chez 88,1 % d’entre elles », décrit le gynécologue.

Quelles complications possibles ?

Au-delà des obstacles voire du rejet de la sexualité, existe-t-il des situations à risque ? En cas de certaines menaces de « fausses-couches ou d’accouchement prématuré », de « rupture prématurée des membranes, la pénétration sexuelle sera évitée devant une grossesse multiple après 22 semaine d’aménorrhées. En dehors de ces pathologies particulières*, il n’y a pas de contre-indications à la sexualité », décrit le Pr Lopès.

Si aucune complication ne vous concerne, il s’agira simplement de rester plus calme que tonique lors de vos ébats. « Le col utérin est plus fragile et la douceur est recommandée lors de la pénétration pour éviter des saignements provoqués », conclut le Pr Lopès.

*les placentas insérés bas peuvent vous amener à éviter les rapports par pénétration

  • Source : « Manuel de sexologie – Sexualité et grossesse », Pr Patrice Lopès, Edition 2021

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

Aller à la barre d’outils