Quinquagénaires : pour une seconde vie sans fractures
25 février 2003
Si la cinquantaine marquait autrefois le début de la fin, aujourd’hui grâce aux progrès de l’espérance de vie, elle inaugure en réalité une nouvelle existence. A cet âge, une femme dispose en effet d’une espérance de vie moyenne de 34 ans ! Mais pour pouvoir, comme le disait Balzac, « porter sa verte vieillesse d’un air guilleret », elle doit se préserver des maladies du vieillissement. Et en particulier de l’ostéoporose, responsable chaque année en France de 190 000 fractures !
Rhumatologue au CHU de Lyon, le Pr. Pierre-Jean Meunier rappelle l’importance d’une alimentation équilibrée. « Il faut assurer toute la vie des apports suffisants en calcium et en vitamine D. Comptez 1000 mg de calcium par jour chez l’adulte, 1200 à 1500 mg chez la femme enceinte ou allaitante,chez la femme ménopausée et les sujets âgés. De ce point de vue, notre alimentation et notre mode de vie sont loin de satisfaire aux besoins. Notamment pour les personnes âgées dont on estime en France, que l’apport calcique se situe en fait autour de 5 à 600 mg par jour. »
Le calcium se trouve essentiellement dans le lait et les produits laitiers. Ainsi 50 g de gruyère contiennent-ils 500 mg de calcium ; 50 g de gouda ou d’edam en renferment 350 mg ; un quart de litre de lait 315 mg et un yogourt 205 mg… Le problème est d’abord que toutes ces bonnes choses renferment… des graisses. Et que s’il est facile de boire du lait écrémé, les fromages dégraissés sont franchement désagréables !
Par ailleurs, le calcium ne peut se fixer sur les os qu’en présence de vitamine D. Nous avons besoin précise Pierre-Jean Meunier, « de 400 UI de vitamine D par jour. Ce qui est apporté par les poissons gras ou le soleil, qui par son action sur la peau assure la production de vitamine D. Toutes choses en recul à cause du terrorisme anti-cholestérol et du terrorisme anti-mélanome. Cela aboutit à une situation nutritionnelle très préjudiciable à l’os. »
Du soleil, du poisson gras – comme le maquereau, le saumon ou les sardines par exemple – voilà de quoi favoriser la fixation du calcium par nos os. Le tout sans excès bien sûr. En revanche, la consommation excessive de café et d’alcool exercerait une mauvaise influence sur le remaniement osseux.
Enfin bien manger ne suffit pas, il faut aussi bouger ! Les activités de plein air nous font bénéficier du rayonnement solaire. Quand elles sont faites « en charge » – marche ou jogging par exemple – elles réduisent la perte osseuse. Ce que prouve a contrario, le fait que des cosmonautes de Mir avaient perdu, en 6 mois d’apesanteur, 5% de leur masse osseuse mesurée au tibia ! Sans oublier que l’activité physique améliore l’état musculaire, donne de l’appétit et contribue au maintien d’un bon équilibre général…
Et même si vous suivez ces bons conseils… ce ne sera pas suffisant. Dans les 5 ans suivant la ménopause, toute femme qui ne suit pas un traitement de substitution devrait faire mesurer sa densité minérale osseuse. Un examen toujours pas pris en charge en France, pas plus que le traitement de l’ostéoporose avérée, en l’absence de fracture provoquée par l’ostéoporose. Comme quoi ce bon vieux Gribouille, qui se jeta dans la rivière pour ne pas être mouillé par la pluie, n’est toujours pas mort !
Pour conclure, l’ostéoporose n’a rien d’une fatalité. Agir tôt pour préserver la solidité osseuse, c’est la meilleure garantie pour que vieillir ne rime pas avec souffrir. Surtout si on y ajoute un minimum de vigilance au moment du cap de la cinquantaine… et après.