Radio ou scanner, toujours avec modération…
19 avril 2006
Le sujet fait débat. Pour tenter d’y voir plus clair en matière de radiations médicales, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a lancé en 2003 une évaluation nationale. Ses premiers résultats sont publiés dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, le BEH.
Ce Plan d’actions pour la surveillance de l’exposition des patients aux rayonnements ionisants (Pasepri) est la première enquête nationale depuis 1982 sur les rayonnements d’origine médicale en France. Son objectif ? Peser les bénéfices et les risques liés à l’utilisation médicale des rayons X et autres rayons ionisants.
Il ressort de ce travail qu’en 2002, entre 61,3 millions et 73,6 millions d’actes de radiologie conventionnelle, de scannographies et d’examens diagnostiques en médecine nucléaire ont été pratiqués en France. Dans 90% des cas, il s’agissait de la traditionnelle “radio” que nous passons chez le dentiste ou après un accident, parfois banal. En revanche, en termes d’exposition aux rayonnements ionisants, ce type de radiographies ne représente que 36% de la dose totale reçue par la population.
En effet, les deux-tiers de ces rayonnements sont délivrés par les nouvelles techniques d’imagerie: scanner, radiologie interventionnelle (autrement dit les interventions thérapeutiques guidées par l’imagerie médicale) et la médecine nucléaire qui fait appel à des produits radioactifs.
En moyenne en 2002, la dose de rayonnement d’origine médicale délivrée en France aurait représenté 0,8 milliSievert (mSv) par personne. A titre de comparaison, cela ne correspond même pas à la moitié de la dose de radioactivité à laquelle nous sommes exposés naturellement. Est-ce pour autant sans danger ?
Pas si sûr chez des patients fragiles, comme les nouveau-nés par exemple. Une étude portant sur de grands prématurés irradiés en 2002-2003 au service de réanimation néonatale de l’hôpital Cochin à Paris, laisse planer un doute. “La radiosensibilité des grands prématurés, comparables à des foetus au troisième trimestre de grossesse, n’est pas clairement déterminée“, conclut l’équipe de l’InVS dirigée par Jean Donadieu. Ce qui justifie “une approche toujours économe des radiations ionisantes“.