Réfugiés : des troubles psychotiques majeurs
04 avril 2016
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Déracinés de leurs terres natales, secoués par de longues traversées pour franchir les frontières et trouver un pays d’accueil, les réfugiés (ceux qui ont obtenu la demande d’asile) voient leur santé mentale fragilisée. Récemment des chercheurs suédois ont évalué l’incidence des troubles psychotiques chez ces personnes confrontées à l’exil.
L’exposition accrue des réfugiés aux syndromes post-traumatiques et autres troubles mentaux a déjà fait l’objet de plusieurs études. Mais jusqu’ici, l’élévation du risque de psychose et de schizophrénie était mal connue. Pour préciser ce phénomène, des chercheurs suédois du Karolinska Institute ont mené l’enquête dans leur pays.
A l’aide des registres nationaux, ces derniers ont relevé l’incidence des troubles psychotiques dans la population générale. Au total, 1,3 million de dossiers ont été examinés : des natifs suédois sur deux générations, des réfugiés (fuyant la zone en conflit pour des raisons de sécurité) et des migrants (fuyant le pays pour un motif économique) en provenance du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord, de l’Afrique subsaharienne, de l’Asie, de l’Europe de l’Est et de Russie.
Les réfugiés plus exposés que les migrants
Au total, 3 704 cas de troubles psychotiques ont été répertoriés. « Les taux rapportés dans la population suédoise était de 358 par million de personnes. Contre 804 dans la population migrante et 1 264 concernant les réfugiés », expliquent-ils dans le British Medical Journal. Pour aller plus loin les scientifiques ont comparé cette incidence dans une population déplacée en provenance d’une même région. « Les réfugiés ont 66% de risque en plus de développer une schizophrénie comparés aux migrants ». Autre donnée, les réfugiés sont 3,6 fois plus exposés à ces troubles psychotiques par rapport aux natifs suédois.
A noter : En 2011, environ 12% de la population suédoise était immigrée et 163 000 réfugiés ont déposé une demande d’asile en 2015. Tout récemment, le pays scandinave comptait parmi les pays les plus accueillants. Mais cette politique est aujourd’hui ternie : le 27 janvier, le gouvernement suédois a annoncé le refus du droit d’asile à 80 000 réfugiés. En 2015 en France, 14 512 demandes d’asiles ont été acceptées sur les 50 952 dossiers déposés.
*Couverture maladie universelle
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Source : British Medical Journal, le 15 mars 2016. www.france-terre-asile.org, site consulté le 25 mars 2016.
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Ecrit par : Laura Bourgault : Edité par : Emmanuel Ducreuzet