Régime sans gluten : dans trois cas seulement
28 décembre 2015
©Phovoir
Eliminer toute trace de gluten de l’alimentation est une tendance qui a conquis de nombreux Français. Pourtant, ce régime restrictif n’est en réalité utile que pour certains. C’est le cas bien sûr des malades cœliaques ainsi que des allergiques au blé. Mais une troisième catégorie est de plus en plus sérieusement considérée par les spécialistes. Il s’agit d’individus souffrant d’une « sensibilité non cœliaque au gluten ».
La maladie cœliaque et l’allergie au blé sont faciles à diagnostiquer grâce aux marqueurs sériques. Pour les patients souffrant d’une sensibilité non cœliaque au gluten, le dépistage et par conséquent la reconnaissance sont bien moins aisés. « Celle-ci pourrait concerner 1% à 6% de la population, mais nous n’avons encore aucun marqueur », note Nathalie Vergnolle de l’unité INSERM 1013 du centre de physiopathologie de Toulouse-Purpan.
En tout cas, de nombreuses personnes se plaignent de manifestations intestinales et extra-intestinales (douleurs musculaires, anémie, maux de tête… », causées par l’absorption d’aliments contenant du gluten et évoquant un syndrome du colon irritable. Les chercheurs ont en outre observé qu’un régime sans gluten chez ces patients atténuait nettement les symptômes.
Une pathologie créée de toutes pièces ?
Comment expliquer l’apparition de cette catégorie de patients ? Pourquoi sont-ils de plus en plus nombreux ? « Des équipes en agronomie s’interrogent », indique Nathalie Vergnolle. « L’industrie agroalimentaires qui profite de ce nouveau marché du ‘sans gluten’ n’aurait-elle pas contribué à l’émergence de pathologies associées au gluten ou intestinales au cours des 80 dernières années ? » Et ce, par le biais de « la sélection massive de souches céréalières, l’usage de pesticides ou l’association systématique d’additifs alimentaires ».
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Source : Science et Santé, numéro 27, septembre-octobre 2015
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet