Régurgitations : quand faut-il s’inquiéter d’un reflux gastro-œsophagien chez un bébé ?
20 mars 2024
Les reflux gastro-œsophagiens, ou RGO, sont très fréquents chez les nourrissons. Lorsqu’il est physiologique, le RGO passe spontanément quand l’enfant grandit et diversifie son alimentation. Seul un reflux pathologique peut nécessiter une prise en charge médicamenteuse, rappelle la Haute Autorité de Santé (HAS).
Les régurgitations inquiètent de nombreux parents mais sont très courantes chez les nourrissons. Le reflux gastro-œsophagien, ou RGO, est caractérisé par la remontée involontaire du contenu de l’estomac dans l’œsophage. La différence avec les vomissements ? Le RGO ne s’accompagne pas de contractions abdominales et musculaires contrairement aux vomissements. Le lait sort spontanément de la bouche du bébé sans qu’il n’ait besoin de fournir d’efforts.
Le phénomène est très fréquent avant 1 an et touche près de 70 % des bébés âgés de 4 mois. « La plupart du temps, il s’agit de régurgitations simples qui disparaissent naturellement avec la diversification alimentaire et l’acquisition de la marche : on parle alors de RGO physiologique », explique la Haute Autorité de Santé.
Le RGO simple, sans douleur ni gravité
Dans un communiqué du 19 mars, la HAS fait le point sur la prise en charge du RGO chez les enfants de moins de 1 an. Elle tient avant tout à rassurer les parents parfois préoccupés par la fréquence et l’abondance des régurgitations. Dans la majorité des cas, ce reflux est physiologique, sans gravité, et ne provoque aucune douleur chez le bébé. Il est dû au fait que le muscle qui empêche le lait de remonter n’est pas encore complètement développé et au fait que la taille de l’estomac de l’enfant est encore petite par rapport aux grandes quantités de lait qu’il ingurgite.
Pour atténuer les régurgitations, la HAS conseille de faire des pauses durant la tétée et de faire faire un rot à l’enfant après son repas afin d’évacuer l’air avalé. Après le repas, elle recommande de maintenir le bébé droit durant 20 à 30 minutes, dans les bras ou en écharpe. Ces régurgitations physiologiques ne nécessitent pas de test pour les diagnostiquer ni de prise en charge médicamenteuse. Si la courbe de poids est normale et que « les signes d’alerte pouvant évoquer une autre pathologie (vomissements en jet devenant fréquents, vomissements bilieux par exemple) ont été écartés », il est nécessaire de rassurer les parents.
Quand faut-il s’alerter des reflux de son bébé ?
Certains signes doivent alerter : « traces de sang dans les régurgitations, refus répétés du biberon, cassure de la courbe de poids ou échec des mesures déjà mises en œuvre », énumère la HAS. Dans ces circonstances, un traitement médicamenteux pourra être envisagé pour réduire les sécrétions acides de l’estomac. Il s’agit des inhibiteurs de la pompes à protons (IPP), largement prescrits dans la prise en charge du reflux gastro-œsophagien et des ulcères gastro-duodénaux chez l’adulte.
En 2020, la HAS alertait sur un recours trop fréquent aux IPP chez les bébés. Elle insiste dans son récent communiqué sur le fait que peu de données ne soient disponibles sur les effets de ces médicaments chez l’enfant de moins de 1 an. « Les IPP ne sont pas anodins, surtout dans cette population, puisqu’ils peuvent provoquer des effets indésirables (maux de tête, nausées, diarrhée, constipation…) et augmenter le risque d’infections gastro-intestinales ou respiratoires graves », écrit-elle. « La HAS recommande donc de recourir à ces médicaments uniquement lorsque cela est justifié et à la suite d’examens complémentaires (pH-métrie ou endoscopie œsogastroduodénale) pour confirmer le diagnostic de RGO pathologique. »