Rendez-vous médicaux non-honorés : les patients sanctionnés ?
01 février 2023
Chaque semaine, entre 6 à 10% des patients ne se déplacent pas chez leur médecin malgré leur prise de rendez-vous. L’Académie nationale de médecine et le Conseil national de l’Ordre des Médecins souhaitent pénaliser financièrement les absents. Une mesure qui ne fait pas forcément l’unanimité.
Qui aura le plus de #lapins ? Sur Twitter, les médecins se renvoient la balle pour obtenir le (triste) score le plus élevé de rendez-vous non-honorés par leurs patients. Derrière cette tendance à la dérision et à la dédramatisation, une réalité peu réjouissante.
2 heures de perdues chaque jour
Des chiffres tout d’abord : « plusieurs enquêtes suggèrent que chaque semaine 6 à 10 % des patients ne se présentent pas à leur rendez-vous, ce qui correspond à une perte de temps de consultation de près de 2 heures hebdomadaires pour le médecin quelle qu’en soit la discipline et, par extrapolation, près de 27 millions de rendez-vous non honorés par an », appuient l’Académie nationale de médecine et le Conseil national de l’Ordre des Médecins (CNOM) dans un communiqué conjoint.
Face à ces incivilités, ces deux autorités proposent* de facturer** les patients absents s’ils n’ont pas pris le temps de prévenir en amont de leur absence. Une mesure proposée pour freiner cette tendance qui ne fait qu’aggraver la problématique de l’accès aux soins. A l’échelle collective, les rendez-vous non-honorés « désorganisent gravement le travail quotidien des médecins libéraux et des consultations hospitalières, réduit la disponibilité médicale des praticiens impactés, limitent l’accès aux soins pour des patients en ayant réellement besoin et contribuent à majorer le nombre de patients qui s’adressent aux services d’urgence ».
2/3 des annulations sont des premiers rendez-vous
Comment expliquer ces absences chroniques au rendez-vous ? C’est notamment lié à l’impact des plateformes de prises de rendez-vous en ligne, permettant de réserver plusieurs créneaux pour un même motif et de ne se rendre finalement qu’à la consultation la plus arrangeante, sans pour autant annuler les autres rendez-vous. Une attitude auparavant limitée quand il fallait systématiquement passer par le secrétariat médical afin d’obtenir un rendez-vous. C’est d’autant plus vrai pour les patients qui consultent pour la première fois : « près de deux tiers de ces défections concerneraient un premier rendez-vous », relaient à ce sujet le CNOM et l’Académie nationale de médecine.
Quelle opposition ?
En juillet 2022, le syndicat Union française pour une Médecine Libre (UFML) avait fait circuler une pétition pour réclamer ce droit de sanction en facturant les rendez-vous non-honorés. Un document à ce jour signé par 9 318 médecins.
A l’inverse, le syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) a fait part de son désaccord. Pour ce dernier, de « nombreux écueils peuvent amener à ne pas pouvoir honorer un rendez-vous médical. En juger ne fait qu’affaiblir la relation de soin ».
*l’Académie nationale de médecine et le Conseil national de l’Ordre des Médecins (CNOM) proposent également de « sensibiliser et responsabiliser le public par des campagnes d’information dénonçant cette manifestation d’incivilité hautement préjudiciable à l’offre de soins »
**en modifiant l’article R.4127-53 du Code de la santé publique
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Source : Académie nationale de médecine et le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM), le 26 janvier 2023
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Ecrit par : Laura Bourgault - Édité par : Emmanuel Ducreuzet