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Entre le casse-tête des emplois du temps, le stress des devoirs et les ados qui grandissent (trop) vite, la prévention passe souvent au second plan. Pourtant, la rentrée est une formidable opportunité pour faire un point santé : remettre à jour les vaccins, discuter sommeil, hygiène de vie, alimentation… Une dynamique à saisir, selon le Dr Rodolphe Chastel, médecin généraliste à Lyon, engagé de longue date sur ces enjeux de santé publique.
« Pour nous, médecins généralistes, la rentrée santé des adolescents, c’est l’occasion d’évoquer les certificats de sport ou la mise à jour des vaccins », explique le Dr Chastel.
Un moment stratégique pour rappeler quelques fondamentaux à la fois aux adolescents mais aussi aux parents :
Il est vrai qu’une infection par un papillomavirus humain (HPV) est une IST … mais qui n’épargne quasiment personne. 80 % des personnes seront exposées au moins une fois au virus au cours de leur vie, souvent sans le savoir. Et ce, quel que soit leur sexe, leur orientation ou leurs pratiques.
Fille ou garçon, tout le monde est concerné. La plupart de ces infections guérissent spontanément mais certaines peuvent être à l’origine de cancers qui se développeront plus tard, notamment de cancers du col de l’utérus.
En plus du cancer du col de l’utérus, ils peuvent être à l’origine de cancers des voies aéro-digestives supérieures, de la bouche, de l’anus, du vagin, de la vulve… et du pénis. En France, 6 400 cas de cancers sont ainsi attribués chaque année aux HPV.
Premier réflexe de prévention : le dépistage. En France, les femmes âgées de 25 à 65 ans sont invitées à réaliser régulièrement un frottis cervico-utérin pour repérer d’éventuelles lésions précancéreuses ou la présence de HPV au niveau du col de l’utérus. Ce geste simple, pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie dans le cadre du dépistage organisé, reste indispensable, même en cas de vaccination. Ce suivi permet de détecter précocement les anomalies et d’intervenir avant qu’un cancer ne se développe. Malheureusement, seul le cancer du col de l’utérus bénéficie d’un tel dépistage.
En parallèle, la vaccination complète efficacement le dispositif. Le vaccin est recommandé pour tous les jeunes, filles et garçons, âgés de 11 à 14 ans révolus. «. C’est le meilleur moment pour les protéger. Mais nous pouvons également proposer cette vaccination jusqu’à 19 ans révolus, même si la vie sexuelle a déjà commencé. » Depuis 2023, cette vaccination peut même être proposée et réalisée directement au collège, en classe de 5e.
Pour ne pas l’oublier, il est possible de parler de la prévention HPV assez tôt. « J’en parle dès l’âge de 6 ans, au moment des premiers rappels des vaccins obligatoires. Je l’écris dans le carnet de santé. Comme ça, à 11 ou 12 ans, les parents sont préparés. » Anticiper la sensibilisation : c’est la stratégie du Dr Chastel.
Si les disparités régionales persistent, notamment en zone rurale, les professionnels de santé de proximité jouent un rôle essentiel. « C’est notamment le cas du pharmacien qui voit plus souvent les familles que nous. C’est encore plus vrai en zone rurale. Il peut informer, rassurer, orienter. Et depuis 2023, il peut aussi vacciner les adolescents », rappelle le Dr Chastel. Médecins traitants, pharmaciens, infirmiers scolaires : ils sont disponibles pour vous renseigner. Alors profitez de la rentrée qui est le moment idéal pour vous mobiliser, accompagner vos ados et aller parler prévention !
Source : Interview de Rodolphe Chastel, médecin généraliste à Lyon
Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Vincent Roche