Réponse à l’urgence ou… escroquerie ?
16 avril 2009
« A la demande des Urgentistes, entrez dans votre téléphone portable le numéro de la personne à prévenir en cas d’accident. Exemple : ice1 : 06 01 02 03 04 ». Le groupe ICE (pour « In Case of Emergency » soit « en cas d’urgence », n.d.t.) diffuse sur Internet une idée vraiment maligne… en apparence. Car la mention « A la demande des Urgentistes » est parfaitement infondée…
« Aucune demande de ce type-là n’a jamais été formulée en France », nous confie en effet le Dr Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des Médecins urgentistes de France (AMUF). « Ces gens profitent d’un vide laissé par le système. Ce qui est certain, c’est qu’une initiative comme celle-ci, qui n’est pas contrôlée par les pouvoirs publics et le monde médical concerné, a peu d’intérêt ».
« Il n’est pas certain que ce type d’initiative puisse être d’une utilité extraordinaire » confirme en effet le Pr Marc Giroud, président de SAMU de France. «Mais pourquoi pas à la limite… En tout cas il n’y a aucune raison que ce soit payant ». Et c’est là que le bât blesse. Car circonstance aggravante, cette promotion « gratuite » propose également de télécharger « un document type (pour exprimer) votre volonté en cas de coma et/ou décès ». Et là, foin de gratuité : le fameux document coûte 2€ par exemplaire ! Belle opération… pour le promoteur.
L’action trouverait son origine en Grande-Bretagne, puis au Canada d’où elle revient en France. Le site spécialisé hoaxbuster en explique assez bien l’intérêt très limité… Le représentant de l’AMUF pour sa part, estime que ce type de récupération est « scandaleux ».
Soulignons enfin que le système a ses limites. En cas d’urgence, les sauveteurs ont bien souvent d’autres priorités qu’explorer la base de contacts d’un téléphone portable… si tant est qu’il soit allumé et non endommagé. Un bon vieux bout de papier dans votre portefeuille, à côté de vos pièces d’identité, fera mieux l’affaire… et c’est gratuit.
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Source : ICE; Interview du Dr Christophe Prudhomme, AMUF, 16 avril 2009; Interview du Pr Marc Giroud, SAMU de France, 17 avril 2009