Résidus médicamenteux : gare aux poissons!

15 février 2013

Trop exposée aux résidus de médicaments, la perche (Perca fluviatilis) change de comportement. © Bent Christensen

Les rejets médicamenteux qui finissent dans nos rivières et nos fleuves auraient un impact inattendu sur la santé… des poissons. En Suède, des chercheurs ont en effet constaté que les perches qui absorbaient des résidus de benzodiazépines changeaient brutalement de comportement. Au point de devenir anti-sociales et… gloutonnes !

Tomas Brodin et son équipe à l’Université d’Umea, ont mesuré dans la chair de certaines perches, des quantités d’oxazepam – une benzodiazépine – équivalentes à celles retrouvées dans les cours d’eaux de leur pays.  A ce stade, rien de très surprenant pensera-t-on.

Le problème est que le comportement de ces poissons en est affecté. Lorsqu’ils sont exposés à ces résidus, ils manifestent une tendance à se tenir à distance de leurs congénères, au point de s’exposer à de grands risques de prédation. Par ailleurs, les perches en question s’alimentent beaucoup plus vite – et beaucoup plus – que les autres. Selon les auteurs, à terme, cette altération du comportement pourrait affecter la répartition des espèces aquatiques, avec des « conséquences écologiques et environnementales » non-négligeables.

Des résidus impossibles à éliminer ?

De nombreux travaux ont déjà mis en évidence les conséquences que la consommation de résidus médicamenteux – antihypertenseurs, traitements contre l’excès de cholestérol, anticancéreux…-  entraînent pour les poissons.

D’après un travail de 2009, cet état de fait favoriserait le développement d’organes génitaux mâles chez les femelles de certaines espèces. D’autres poissons au contraire, se féminiseraient. En 2011, une étude réalisée au Canada avait également  mis en évidence une modification de l’activité cérébrale des poissons exposés aux résidus d’antidépresseurs véhiculés par le fleuve Saint-Laurent. Plus préoccupant encore, les auteurs avaient alors expliqué qu’il était quasiment impossible d’éliminer ces antidépresseurs. « La structure chimique de ces médicaments les rend extrêmement difficiles à retirer des eaux d’égout, même en utilisant les systèmes les plus sophistiqués ».

Ecrit par : David Picot – Edité par Marc Gombeaud

  • Source : Science, 15 février 2013 - Chemosphere doi :10.1016/j.chemosphere.2010.12.026

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