Réveillon sous Covid : j’y vais mais j’ai peur

22 décembre 2020

Le réveillon de Noël approche à grands pas. Un Noël placé sous le signe du Covid. Certains ont choisi de faire l'impasse quand d'autres n'imaginent pas célébrer les fêtes sans leurs proches... non sans une certaine appréhension. Alors comment profiter malgré tout de ce Noël si particulier ? Julie Lopez, psychologue clinicienne, nous apporte son éclairage.

Réveillonner en famille ou pas ? Cette question, de nombreux Français se la sont posée pendant des semaines. Et puis le gouvernement a donné son feu vert le 10 décembre. « La plupart des gens que j’ai rencontrés se sont positionnés dans la semaine qui a suivi, raconte Julie Lopez, psychologue clinicienne en Bretagne. Ils ont convenu de faire attention, tranché sur le nombre de personnes qu’il y aurait à table et décidé de laisser les plus fragiles de la famille faire comme ils veulent ».

Pour beaucoup, le besoin de lien social a transcendé la peur du virus, sans pour autant l’éteindre complètement. Comment dépasser cette peur ? Comment faire en sorte que, malgré tout, Noël ressemble quand même un peu à Noël ? Destination Santé a passé en revue plusieurs cas de figure avec la psychologue.

« Je n’ai pas pu m’autoconfiner, mes enfants sont allés à l’école, on sera sept adultes à table… Je n’ai pas tout fait bien comme il faut et j’ai peur ». En cas d’angoisse importante, la psychologue conseille d’en parler d’abord avec son entourage. Et éventuellement avec son médecin traitant : « Il pourra rappeler les précautions à prendre en fonction des membres de la famille, de leurs éventuelles pathologies, etc. Si on est vraiment très angoissé, on peut envisager de faire un test, avant ou même après les avoir rencontrés. Il ne faut en tout cas pas se priver de voir sa famille de manière incarnée, physique ». A condition, bien évidemment, de maintenir les gestes barrière et d’éviter les embrassades.

« Je me suis autoconfiné, j’ai retiré mes enfants de l’école, on sera cinq adultes à table… J’ai tout fait bien comme il faut mais j’ai quand même peur ». Il s’agit ici de rappeler que « le risque zéro n’existe pas, qu’il faut faire avec le réel. Le réel, c’est : la maladie est là, on ne peut pas tout gérer, tout maîtriser ». Si toutefois l’angoisse est trop massive, la psychologue conseille… de rester chez soi. Et si on a peur de le regretter, « il faut se dire que la période est compliquée, que c’est sans doute triste de ne pas fêter Noël mais qu’il y aura d’autres Noël, que ce n’est pas le dernier ». En tout cas, cette décision doit être prise « par vous-même. C’est vous qui devez trancher ».

« Une partie de ma famille défend les théories du complot… Comment éviter le clash ? ». Le jour J, le sujet du virus sera difficile à éviter. Aucun problème si tout le monde est sur la même ligne, mais cela peut se compliquer si ce n’est pas le cas : « Mieux vaut éviter le sujet, rester flou et ne pas rentrer dans un débat qui serait purement rhétorique. Si la croyance est trop ancrée, la personne ne bougera pas d’un iota ». Pour désamorcer la discussion, on peut dire : « Tu as ta façon de penser, moi je ne sais pas, on verra comment ça va se passer et on pourra en reparler plus tard ». Ou plus simplement : « Je suis content de te voir et  je pense que ce n’est pas le moment d’en parler ». Ce conseil vaut aussi pour tous les autres sujets sensibles !

« Une partie de mes proches a refusé de passer Noël avec toute la famille. Ils me reprochent de ne pas faire comme eux ». Voilà un cas de figure particulièrement difficile, celui où l’on est confronté à la pression familiale, sociale. « Il faut en parler, mais pas se justifier, conseille Julie Lopez. On peut aborder les choses par le côté affectif. Dire : « On prendra toutes nos précautions, maman ne nous a pas vu depuis longtemps et elle aussi veut nous voir ». Il s’agit en somme de partager la décision, et donc l’éventuel risque. « On ne s’invite pas chez les gens le soir de Noël. Donc on n’impose pas notre décision, elle a été prise ensemble ».

Une fois Noël passé, tout ne sera pas pour autant réglé. C’est encore l’impression de flou qui domine, en partie à cause d’une communication gouvernementale souvent maladroite. « Les gens n’arrivent pas à se projeter. J’entends surtout des plaintes autour de l’avenir », constate la psychologue. « Nous sommes actuellement dans un temps suspendu, les gens bricolent comme ils peuvent. Pendant cette attente, nous devons les aider à trancher leurs questions ».

  • Source : Interview de Julie Lopez, psychologue clinicienne, le 22 décembre 2020

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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