Roller, gua sha… Ça marche vraiment ?
24 mars 2023
Ils ont envahi les réseaux sociaux et les placards de salles de bain. Les rollers en pierre de jade ou de quartz, et les gua sha, autre accessoire issu de la tradition chinoise, sont parés de nombreuses vertus, notamment anti-âge. Mais qu’en est-il vraiment ? Le point avec le Dr Marie Jourdan, dermatologue à Paris et membre de la Société française de dermatologie.
Quels sont les effets sur la peau des accessoires comme les rollers en pierre naturelle ou les gua sha ?
Parce qu’elle est froide, la pierre a une action décongestionnante et va transitoirement resserrer les pores. De son côté, lorsque le geste est pratiqué dans le bon sens, le massage peut avoir un effet drainant sur le plan lymphatique, et activer la microcirculation et donc l’oxygénation, ce qui améliore le teint. Enfin, on sait que lorsque l’on masse la peau, qui est un organe vivant, on la stimule : les fibroblastes vont s’optimiser et peuvent entraîner l’augmentation de la synthèse du collagène. C’est une façon d’« optimiser » sa peau, qui peut être combinée avec des crèmes anti-âge.
L’utilisation de ces pierres s’inscrit dans la tendance de la « beauté holistique », qui revendique une approche de la beauté basée sur le soin du corps et de l’esprit. De quoi s’agit-il ?
Ici, on postule que l’effet des pierres provoque un retentissement psychologique qui se voit sur l’aspect extérieur de la peau. Il faut savoir que lorsque la pierre est passée sur la peau du visage, elle détend aussi les muscles qui se trouvent en-dessous. Ces muscles qui se détendent déclenchent un effet psychologique : la personne se sent elle aussi détendue, les hormones du bien-être sont libérées, le visage est reposé, comme rajeuni. Il y a donc bien un impact, c’est avéré. Ce qui ne l’est pas du tout en revanche, c’est le « pouvoir » attribué à telle ou telle « pierre énergétique », tout ce qui tourne autour de la lithothérapie. Ce n’est pas de la médecine, ni de la science.
Microcirculation, drainage… Peut-on obtenir les mêmes effets sans accessoire ?
Des cuillères froides pour décongestionner les yeux, mettre la tête en bas pour activer la microcirculation, gonfler ses joues… Toutes ces techniques marchent très bien aussi. Si on ne sait pas comment faire, on peut partir du principe que le geste doit suivre l’effet qu’on veut obtenir. Avec ses doigts, on peut par exemple partir du menton et remonter jusqu’aux oreilles, puis jusqu’à la nuque, pour drainer et masser les muscles. Au niveau du front, on pose la pulpe des doigts au centre et on étire vers l’extérieur… On peut aussi actionner ses muscles en gonflant ses joues. Ces gestes aident à prendre conscience des contractures présentes dans le visage. En prendre conscience en massant et en détendant les muscles, c’est intéressant.
A quelle fréquence faut-il effectuer ces gestes ?
Idéalement tous les jours, en associant le massage à une routine qui existe déjà : au lieu d’appliquer vite fait son antioxydant, on l’applique en se massant. Ou, pendant qu’on se brosse les dents, on fait des grimaces ou on se masse le front avec l’autre main.
Et si on tient vraiment à utiliser un accessoire ?
Mieux vaut adopter un gua sha, qui a une forme qui épouse parfaitement les éminences osseuses du visage. Il est également plus doux et moins traumatique pour la peau que le roller. Mais ces instruments ne sont pas recommandés pour les personnes qui présentent de l’érythrose, des rougeurs ou qui ont une peau sensible : ils risquent d’aggraver ces rougeurs.
-
Source : Interview du Dr Marie Jourdan, dermatologue - Mars 2023
-
Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Vincent Roche