Route du Rhum : le dopage est-il resté à quai ?

22 novembre 2002

Il est probable que quelques-uns des concurrents de la Route du Rhum seront soumis à un contrôle anti dopage dès leur arrivée à Pointe-à-Pitre. Un sport comme les autres, la course au large ? Pas si sûr…
Elle est en effet « coincée » entre deux règlements : maritime et sportif. Le premier pour d’évidentes raisons de sécurité, oblige les concurrents à emporter une pharmacie de bord. Laquelle contient des produits proscrits par les réglements sportifs internationaux, comme la cortisone et ses dérivés.

Depuis plus de 20 ans, le Dr Jean-Yves Chauve soigne les marins à distance. Pour cette Route du Rhum, il a préparé pour chacun des concurrents une trousse médicale contenant plus de 100 produits. « Certains sont interdits par le règlement sportif », nous a-t-il confirmé. « Ils doivent donc être utilisés avec précaution, le marin devant informer le médecin de la course (Jean-Yves Chauve, n.d.l.r.) qui doit confirmer et valider cette utilisation ». Mais on s’en doute, les contrôles ne se limitent pas à la pharmacie de bord ! Les substances les plus recherchées seront celles qui permettent de lutter contre le sommeil, l’un des pires ennemis du navigateur solitaire.

C’est le cas du modafinil et de l’adrafinil, deux molécules habituellement prescrites aux narcoleptiques, qui plongent dans un sommeil profond en quelques minutes et à n’importe quel moment. « C’est vrai, ces médicaments peuvent s’avérer utiles sur des épreuves courtes comme Le Figaro où il y a des étapes de trois jours », reconnaît Jean-Yves Chauve. Mais sur des compétitions plus longues, leur consommation « sauvage » n’est pas sans danger.

« Pour un marin qui pense utiliser ces médicaments, la plus grande difficulté est de gérer leur consommation dans le temps », poursuit-il. « A partir du moment où vous prenez ces produits, vous masquez la fatigue. Malgré tout, celle-ci finit toujours par survenir. Il faudrait donc multiplier les prises, ce qui est très dangereux. Le marin s’exposerait ainsi à des hallucinations susceptibles de carrément mettre sa vie en danger. Voilà pourquoi le dopage peut vraiment être une arme à double tranchant dans le domaine de la course au large. Et je ne suis pas inquiet, les marins en ont parfaitement conscience ». Reste à espérer que leur niveau de conscience soit supérieur à la moyenne des sportifs…

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