Sachets de nicotine : les adolescents premières victimes des intoxications sévères

24 juillet 2025

L’Agence nationale de sécurité sanitaire tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme sur les sachets de nicotine, particulièrement prisés par les adolescents. Entre 2023 et 2024, plus de 45 cas ont été signalés aux Centres antipoison, dont onze intoxications sévères. Au-delà d’un risque d’intoxication aiguë existe aussi celui de forte dépendance au produit. 

Les mini-sachets de nicotine – ou pouches ou nicopods – fabriqués en fibre de cellulose, se placent entre la lèvre et la gencive, assurant une diffusion rapide de la nicotine à travers la muqueuse bucco-gingivale. Les réseaux sociaux incitent les jeunes à les consommer pour stimuler la vigilance ou booster leurs performances sportives. Et cela fonctionne très bien ! Entre 2017 et 2022, une dizaine d’adolescents âgés de 12 à 17 ans avaient déjà présenté une intoxication sévère après avoir consommé des sachets de nicotine, avec des symptômes parfois graves : vomissements prolongés, hypotension, convulsions, troubles de la conscience. Malheureusement, l’avertissement lancé par l’Anses en septembre 2023 se confirme, d’après une nouvelle publication de l’agence qui dresse un bilan des intoxications.

Intoxications sévères, des chiffres en hausse 

Ces données plus récentes renforcent l’inquiétude. En 2023 et 2024, les Centres antipoison ont recensé 90 signalements d’effets indésirables liés à ces produits. Plus de la moitié (54 %) concernaient des adolescents, en grande majorité lors d’une consommation en groupe, et souvent en milieu scolaire (65 %).

Des chiffres en trompe-l’œil

Onze adolescents ont été pris en charge en service d’urgences après une intoxication nicotinique sévère liée à la consommation de sachets de nicotine. Cela pourrait sembler bien peu, si cela ne reflétait pas qu’une fraction du phénomène. Ces données recensent en effet uniquement les cas signalés aux Centres antipoison. Or de nombreuses autres situations, prises en charge directement en structures de soins, échappent très probablement à cette surveillance. 

Vers une interdiction des sachets de nicotine en France

Un projet de décret interdisant les produits à usage oral contenant de la nicotine est actuellement en consultation auprès de la Commission européenne. En France, une proposition de loi visant à encadrer ces nouveaux produits et à prévenir les risques liés à leur consommation figure à l’agenda parlementaire depuis juin 2025.

Une fort risque de dépendance

En attendant, l’Anses renouvelle son alerte : les sachets exposent les adolescents à un risque d’intoxication aiguë, mais aussi de dépendance à plus long terme à cause de la nicotine, le produit parmi les plus addictifs. D’autant que, selon des analyses publiées fin 2024 par l’INC/60 Millions de consommateurs en partenariat avec le Comité national contre le tabagisme (CNCT), l’étiquetage des sachets de nicotine est systématiquement trompeur, sous-estimant la teneur réelle en nicotine. Celle-ci peut en effet atteindre 38,9 mg/g, soit près de dix fois plus que les gommes nicotiniques vendues en pharmacie, limitées à 4 mg/g ! Ces produits deviennent ainsi de puissants vecteurs de dépendance.

Avec la 6-méthylnicotine, des experts sur le qui-vive

L’agence pointe aussi l’arrivée sur le marché de sachets sans nicotine affichée, mais contenant des analogues nicotiniques (comme la 6-méthylnicotine ou la métatine), dont les effets toxiques restent encore mal connus. La 6-méthylnicotine présente une structure suffisamment différente pour ne pas être classée comme la nicotine au sens réglementaire. Cela permet aux fabricants d’échapper à certaines réglementations en vigueur sur les produits nicotiniques classiques, dénonce le CNCT qui informe : « des études précliniques ont montré que la 6-MN présente une affinité pour les récepteurs nicotiniques pouvant être jusqu’à 3,3 fois supérieure à celle de la nicotine. Elle pourrait également induire une production plus importante de dopamine, renforçant son potentiel addictif. »

Autre risque potentiel, toujours selon des analyses menées par l’INC/60 Millions de consommateurs et le CNCT, les pouches contiennent jusqu’à cinq métaux lourds différents dont des fortes doses d’arsenic, cancérogène avéré.

  • Source : Sachets de nicotine, Les adolescents, premiers concernés par les intoxications sévères #26 • Juillet 2025 • Vigil’Anses ; Qu’est-ce que la 6-méthyl-nicotine qu’on retrouve dans des dispositifs de vapotage et des produits oraux ? Sur le site du Comité national contre le tabagisme (consulté le 21/04/25).

  • Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
Résumé de la politique de confidentialité

Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous offrir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre quelles sections du site Web vous trouvez les plus intéressantes et utiles.

Plus d'informations sur notre politique de cookies sur nos CGU.

Aller à la barre d’outils