Sachets de nicotine : de l’arsenic présent en grande quantité
10 décembre 2024
Selon des analyses menées par l'INC/60 Millions de consommateurs en partenariat avec le Comité national contre le tabagisme (CNCT), les pouches contiennent jusqu’à 5 métaux lourds différents dont des fortes doses d’arsenic, cancérogène avéré. Les teneurs en nicotine, très élevées, peuvent aussi, induire une dépendance, surtout chez les jeunes.
Les pouches sont des sachets de nicotine perméable, sans tabac, mais contenant des fibres de polymères imprégnées de nicotine. Il faut les placer entre la lèvre et la gencive pour une diffusion de la substance à travers la muqueuse buccogingivale. Déjà dans le viseur du gouvernement qui souhaitait les interdire – décision qui devrait être retardée après la censure du gouvernement Barnier -, le Comité national contre le tabagisme (CNCT) et l’Institut national de la consommation (INC)/60 Millions de consommateurs, se sont penchés sur le contenu de différents sachets, tous vendus en France actuellement.
Résultats : de l’arsenic a été retrouvé dans l’ensemble des références testées, entre 0,04 μg et 0,59 μg, soit jusqu’à 6,5 fois les quantités d’arsenic présentes dans une cigarette. Cancérogène avéré, l’arsenic accroit le risque de cancer du foie, des reins, de la peau et des poumons principalement. Il est aussi fortement irritant pour les voies respiratoires et toxique en cas d’ingestion.
Des vecteurs de dépendance à la nicotine
Les analyses ont également révélé la présence d’autres métaux lourds ; du plomb qui présente des effets délétères à long terme chez l’adulte (risque d’hypertension, de troubles cardiovasculaires et de lésions rénales), de l’antimoine (classé comme probablement cancérogène) et du formaldéhyde, une substance toxique et corrosive.
L’étiquetage n’est pas fiable, avec des teneurs en nicotine systématiquement mensongères par rapport aux teneurs réelles dans le produit. En outre, « les teneurs réelles des sachets de nicotine analysés peuvent aller jusqu’à 38,9 mg/g, soit près de dix fois plus que les substituts nicotiniques (gommes) vendus en pharmacie, limités à 4mg/ ». Ce qui fait de ces produits « des vecteurs de dépendance à la nicotine, notamment auprès des jeunes ».
Preuve supplémentaire de cette volonté de cibler les plus jeunes, la présence de sucre en très grande quantité, notamment de sucralose et de xylitol. « Le pouvoir sucrant du sucralose est plus de 600 fois supérieur à celui du saccharose, signifiant que ces références ont un goût aussi sucré que s’ils contenaient 78% et 137% de sucre de table ».
Pour une interdiction sans attendre
Ces résultats s’ajoutent à liste de griefs déjà longue :
- des informations en langue étrangère et un autocollant en français apposé sur le sachet ; une pratique interdite
- une publicité illégale sur les réseaux sociaux et chez les buralistes ;
- l’âge des acheteurs n’est pas systématiquement vérifié lors de l’achat ;
- les sachets sont vendus en France sans déclaration préalable alors que les sachets de nicotine ne disposent pas d’autorisation de mise sur le marché et n’appartiennent pas à la catégorie des exceptions concernant les produits à la nicotine autorisés.
Dans une lettre commune au Premier ministre et ministre de la Santé, l’INC/60 Millions de consommateurs se joint au CNTC pour demander l’interdiction explicite et immédiate des sachets de nicotine.
Le risque de syndrome nicotinique aigu déjà connu
En 2023, l’Agence national de Sécurité sanitaire alertait sur une augmentation des appels vers les centres antipoison pour intoxication, dont les 12 – 17 ans étaient les principales victimes. « Ces adolescents ont présenté des syndromes nicotiniques aigus parfois sévères : vomissements prolongés avec risque de déshydratation, convulsions, troubles de la conscience, hypotension ayant nécessité un remplissage vasculaire », relayait l’Anses. Elle pointait également le risque d’une dépendance à moyen et long terme. « L’émergence rapide des sachets de nicotine sur le marché, rendus très attrayants pour les jeunes, appelle à la vigilance. Il est indispensable de mettre en place un cadre réglementaire pour ces produits qui n’ont pour le moment aucun statut clair et qui ne bénéficient d’aucun contrôle », recommandait alors Cécila Solal, coordinatrice du bilan mené auprès des centres antipoison.
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Source : Anses, Comité national contre le tabagisme (CNCT), l'INC/60 Millions de consommateurs
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet