Sanofi-Aventis sanctionné pour «dénigrement des génériques»
14 mai 2013
©Phovoir
L’Autorité de la concurrence vient de sanctionner le laboratoire Sanofi-Aventis à hauteur de 40,6 millions d’euros pour avoir dénigré les génériques de son médicament Plavix®. Cet anticoagulant était le quatrième médicament le plus vendu au monde, avant d’être génériqué. « En 2008, ce dernier représentait d’ailleurs le premier poste de remboursement de l’Assurance-maladie, soit 625 millions d’euros », indique l’Autorité.
En 2010, la société Teva Santé qui est aujourd’hui le 3e fabricant de médicaments génériques en France, avait saisi l’Autorité de la concurrence. Motif, le laboratoire Sanofi-Aventis avait mis en place auprès des professionnels de santé « une stratégie de dénigrement » à l’encontre des génériques du Plavix®, son anticoagulant phare. Cette stratégie selon l’Autorité de la concurrence visait à « limiter l’entrée des génériques sur le marché et de favoriser (les produits de Sanofi-Aventis), le princeps Plavix® ainsi que son auto-générique Clopidogrel Winthrop ». Un auto-générique en fait, est le générique que l’inventeur d’un produit princeps met lui-même sur le marché.
Une histoire de sel ?
Rappelons que le Plavix® dont le principe actif est le clopidogrel, est un médicament utilisé pour la prévention des récidives des maladies cardiovasculaires graves. Le brevet qui protégeait ce médicament en Europe a expiré en juillet 2008. Sanofi-Aventis a déposé un brevet complémentaire afin de prolonger cette protection initiale. « Le type de sel utilisé dans Plavix (l’hydrogénosulfate) est resté protégé jusqu’en février 2013 », souligne l’Autorité. « Par conséquent, les génériques de Plavix®, hors auto-générique, devaient impérativement utiliser un sel différent ».
L’Autorité de la concurrence souligne que « les visiteurs médicaux et délégués pharmaceutiques de Sanofi-Aventis ont diffusé à l’échelle nationale auprès des médecins et des pharmaciens, un discours jetant le doute sur l’efficacité et l’innocuité des génériques concurrents de Plavix® ». Ils laissaient entendre que la responsabilité des médecins « pouvait être engagée en cas de problème médical consécutif à la prescription et/ou la délivrance de ces médicaments de substitution ».
De manière générale, le laboratoire « a mis en œuvre une stratégie de communication globale et structurée dont l’objectif était d’influencer les médecins et les pharmaciens afin d’enrayer le mécanisme de substitution générique », poursuit-elle.
L’Autorité rapporte d’ailleurs des informations fournies par la Caisse nationale d’Assurance-maladie des travailleurs sociaux (CNAMTS) selon lesquelles les médecins ont été sensibles à ce discours. Dans la région Centre par exemple, les cardiologues « rajoutaient systématiquement sur leur ordonnance la mention ‘non substituable’ ».
Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : David Picot