Santé : femmes d’avenir !
15 mars 2011
Les femmes représentent 51% de la population française. Dans le secteur de la santé, elles sont 76% mais représentent seulement 39% des médecins. Cette tendance pourtant, est en voie d’inversion. La parité pleine et entière est en effet prévue… pour 2030.
Un peu d’Histoire.
Soixante-huit, l’année révolutionnaire. Ah, ah direz-vous. Sauf que là, il s’agit de… 1868. C’est à cette date en effet que les femmes ont été autorisées pour la première fois, à étudier la médecine. « Extrêmement bien. » Ce fût la mention obtenue en 1875 par Madeleine Brès à son doctorat de Médecine. Ce qui bien évidemment, ne changea pas radicalement le regard des hommes de l’époque sur les femmes en médecine. Jean-Martin Charcot par exemple, pouvait d’un côté signer une pétition en faveur de l’internat pour les femmes, et de l’autre dénoncer par ses écrits « les facteurs naturels » (le manque de force par rapport aux hommes, la grossesse, les règles…-ndlr) comme des freins à la pratique féminine de la médecine.
En 1922 pourtant, une certaine Marie Curie sera la première femme élue à l’Académie nationale de Médecine. Ses cendres seront transférées au Panthéon de Paris plus de 70 ans après ce premier triomphe… et elle reste aujourd’hui la seule femme à laquelle la Patrie manifeste la reconnaissance qu’elle accorde à ses « grands hommes »…
Et aujourd’hui ?
En 2009, le Pr Monique Adolphe deviendra la première, et la seule femme présidente de l’Académie nationale de Pharmacie. Une institution créée pourtant en… 1803. « J’ai pris cette nomination comme un coup de chance » nous a-t-elle expliqué. « En aucun cas cela ne m’est apparu comme un pas vers la parité ! Ce qui est certain, c’est qu’en tant que femme il m’a fallu batailler pour ne pas risquer l’éviction ! »
Monique Adolphe d’ailleurs, est accoutumée aux premières. Outre cette nomination, elle fut également la première Présidente de l’École pratique des Hautes Etudes, puis la première Présidente de la section pharmacie à l’Académie nationale de Médecine… Et les femmes en médecine, elle y croit. « Je ne dois pas dire trop fort que je suis féministe. Je risquerais d’entendre sur les bancs de l’Académie, de la part de mes confrères masculins, que si ça continue il n’y aura plus que des femmes… »
Démographie médicale : vers la féminisation
Discipline hautement qualifiée, la médecine constitue encore à ce jour un bastion masculin. En 2006 en France métropolitaine, les femmes représentaient 39,2 % des médecins en activité… Cette proportion pourtant, s’inscrit chaque année à la hausse. Les femmes sont en effet majoritaires parmi les étudiants en médecine. La féminisation de la médecine devrait encore s’amplifier dans les prochaines années. Selon les dernières projections démographiques réalisées par la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (DREES), en 2030 plus de la moitié des médecins seront des femmes.
Pour l’heure, celles-ci restent majoritaires dans certaines catégories de profession de santé ou du secteur paramédical. Sages-femmes, orthophonistes, aides-soignants, agents de service hospitaliers, infirmiers, psychomotriciens, ergothérapeutes… comptent plus de 70 % de femmes. Encore faut-il y ajouter les pédicures-podologues ou les pharmaciens, deux professions parmi, lesquelles la présence féminine est très large.
La femme représente-t-elle l’avenir de la médecine ? « La question n’est pas là » conclut le Pr Monique Adolphe. « Un esprit de supériorité, au profit de l’un des deux sexes ne mènerait nulle part. Le travail de concert est toujours la solution ».
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Source : Interview du Pr Monique Adolphe, 3 mars 2011 ; La démographie médicale à l’horizon 2030 :
de nouvelles projections nationales et régionales, DRESS, février 2009 ; Nathalie Pijard-Micault, Histoire de l’entrée des femmes en médecine, www.bium.univ-paris5.fr, consulté le 3 mars 2011.