Saturnisme : la France traîne…

31 mai 2001

L’absence d’une véritable politique de lutte contre le saturnisme en France devient préoccupante. Dénoncée par la Société française de pédiatrie, cette carence concerne près de 85 000 enfants de 0 à 6 ans. Alors que ces enfants ont une plombémie supérieure au taux critique internationalement reconnu de 100 mg/l, 14 000 examens de dépistages seulement ont été réalisés.

Les pédiatres s’inquiètent aussi que seulement un département sur trois ait développé un véritable plan de lutte contre le saturnisme. Certains ne signalent la maladie qu’à partir du seuil de 100 g/l, et attendent 150 g/l pour réaliser des interventions. Or aux Etats-Unis par exemple, une intervention est déclenchée dès le seuil de référence de 100 g/l.

En France deux zones paraissent à risque. D’abord les départements de l’Aveyron, du Cantal, de la Corrèze, du Lot, de la Lozère et du Puy-de-Dôme où l’eau serait « agressive ». Par ailleurs, Paris et le Val-de-Marne sont plus exposés à cause d’un habitat « ancien et dégradé ». La situation est critique. D’autant plus qu’il resterait en France 1 700 000 immeubles construits avant 1948 et susceptibles d’être pollués au plomb.

L’élimination progressive du plomb dans les peintures et les conduites a réduit le risque d’intoxication. Sauf dans les logements anciens dont les installations n’ont pas été refaites. Aujourd’hui, le saturnisme toucherait 10% des enfants de la région parisienne qui vivent dans les quartiers défavorisés. Dans leurs logements aux peintures écaillées ils décollent ces fragments et les sucent pour leur saveur sucrée…

Les anciennes canalisations en plomb sont également dangereuses. Et ces logements n’ayant pas été refaits, il est naturel que le saturnisme soit assimilé à une maladie de la misère.

  • Source : Impact Médecin, 25 mai 2001

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