Schizophrénie : « l’intervention précoce change tout »
23 mars 2022
Repérer précocement les signes de la schizophrénie pour une prise en charge rapide et efficace : c’est l’enjeu soulevé cette année par l’association Positive Minders, à l’origine des Journées de la schizophrénie qui se déroulent cette semaine.
Six jeunes sur dix souffrant de schizophrénie se « rétablissent socialement » en deux ans grâce à une intervention précoce, contre 15% en suivant un parcours classique. C’est sur ce point que l’association Positive Minders, qui réunit soignants et malades et œuvre depuis 2004 à la sensibilisation autour de cette maladie, a choisi d’insister cette année.
Car, si elle touche 1 personne sur 100 en France, la schizophrénie reste une maladie méconnue, parfois des malades eux-mêmes. Ainsi, environ un tiers des personnes schizophrènes ne bénéficient pas du suivi médical qui pourrait améliorer considérablement leurs souffrances et leur existence.
En effet, « la schizophrénie se caractérise par des manifestations qualifiées d’étranges (hallucinations auditives et visuelles, idées délirantes, propos incohérents), mais également par des symptômes tels que la dépression, l’apathie et des troubles cognitifs (troubles de la mémoire, de la motricité et de l’attention) », rappelle l’association. L’impact sur la vie quotidienne est important, et engendre bien souvent repli sur soi et désinsertion sociale. Jusqu’à l’envie d’en finir : 40% des personnes atteintes tentent de se suicider. 10% y parviennent.
Facteurs génétiques et environnementaux
On comprend dès lors l’urgence d’un repérage précoce. Mais quels sont les signes à connaître ? Et comment les repérer ? Tout d’abord, l’âge a son importance. Les premiers signes de la maladie se manifestent le plus souvent entre 15 et 25 ans, sous l’effet conjugué de facteurs génétiques prédisposants et de facteurs environnementaux (stress répétés, événements de vie forts en émotion, consommation de cannabis, d’alcool, traumas).
Ainsi, un jeune de moins de 25 ans peut avoir besoin d’aide si, durant plusieurs semaines, vous percevez au moins un changement important qui concerne :
- Sa capacité à se concentrer,
- Son caractère
- Son moral
- Son sommeil (il vit la nuit)
- Ses liens sociaux (il s’isole)
Et/ou au moins un signe inhabituel :
- Il développe des TOC ou rituels étranges
- Il a des idées suicidaires
- Il consomme des substances (drogues, alcool, cannabis…)
Dans ce cas, « encouragez-le à consulter un généraliste », conseille Positive Minders. Lequel cherchera d’autres éléments pouvant orienter vers une psychose. Et adressera le jeune vers un spécialiste pour une détection précoce. Elle a « pour objectif de maintenir les liens sociaux, de réduire les troubles cognitifs et d’apprendre à gérer les retombées de la maladie grâce à un suivi personnalisé ».
Un suivi est nécessaire, insiste l’association, qui alerte également sur les effets pervers de la « libération de la parole » sur les réseaux sociaux concernant les questions de santé mentale. Si la « déstigmatisation » et les « discours décomplexés autour des maladies psychiatriques (dépression, troubles de l’attention, autisme, troubles bipolaires, schizophrénie) » produisent des effets positifs, ils posent aussi question : « On peut craindre un phénomène d’« attraction malsaine » entretenu auprès de milliers de jeunes déjà psychologiquement vulnérables », avertissent les professionnels de la santé mentale. Ils s’inquiètent tout particulièrement de ces « contenus qui incitent les jeunes à s’autodiagnostiquer et à se soigner par eux-mêmes ».
A noter : Pour connaître le programme et les ressources des Journées de la schizophrénie, rendez-vous ici : https://schizinfo.com
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Source : Positive Minders, le 22 mars 2022
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet